C’est dans ce bâtiment que s’est faite l’histoire de la NASA

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Les rovers Spirit et Opportunity, testés le 10 février 2003. Crédits : JPL-Caltech

Véritable berceau de l’exploration spatiale robotique, le Spacecraft Assembly Facility de la NASA a vu naître les principaux instruments permettant, depuis près 60 ans, l’étude du système solaire.

Qu’il s’agisse des premières sondes lancées vers la Lune, Mars ou Vénus, et plus tard vers Jupiter et Saturne, ou encore des rovers martiens, et même des vaisseaux Voyager 1 et 2, qui évoluent aujourd’hui dans l’espace interstellaire, tous ces engins ont été assemblés dans un même bâtiment : le Spacecraft Assembly Facility du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Vous le retrouverez à Pasadena, en Californie (États-Unis).

« Nous avons appris beaucoup de choses en cours de route »

Le bâtiment a été construit en 1959 pour un programme de missiles du ministère de la Défense. La NASA a ensuite investi les lieux dès 1960, modifiant toutes les infrastructures. Les deux pièces les plus connues sont les deux salles blanches High Bay 1 et High Bay 2. Elles sont aujourd’hui complètement stériles, mais ça n’a pas toujours été le cas.

L’histoire a en effet commencé avec les neuf missions Ranger. L’objectif de la NASA était alors d’envoyer des sondes spatiales équipées de caméras autour de la Lune pour photographier sa surface. Sept des neuf sondes ont été construites à High Bay 1. Mais à l’époque, l’endroit ressemblait davantage à un simple hangar qu’à une salle blanche. On y fumait encore.

Au cours de ces missions, la stérilisation des vaisseaux se faisait avec de la chaleur. Mais la NASA a découvert par la suite que ce processus faisait frire l’électronique. Les données n’étaient alors plus assez précises. Ranger 3, par exemple, a manqué la Lune de 37 000 km ! C’est à partir de cette expérience que les ingénieurs du JPL ont véritablement commencé à prendre les soucis de stérilisation très au sérieux.

« Lorsque le JPL a commencé, nous en savions plus sur les engins spatiaux que quiconque – et en même temps nous ne savions rien, résume Arden Acord, un ingénieur système qui travaillait pour la NASA en 1971. Nous avons appris beaucoup de choses en cours de route ».

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La construction de l’orbiteur Galileo, en novembre 1984. Crédits : NASA / JPL-Caltech

Des règles très strictes

Depuis, les mesures de précaution ont évolué. L’idée d’une salle blanche est de maîtriser la concentration en particules afin de minimiser leur introduction dans les systèmes. Ici en l’occurence dans des machines destinées à visiter d’autres mondes. Pour découvrir une vie sur Mars, il faut en effet être certain que vous ne ramenez pas de bactéries terrestres à bord du vaisseau.

High Bay 1 et High Bay 2 sont ce qu’on appelle des salles blanches de classe 10 000. Cela signifie qu’il y a moins de 10 000 particules de 0,5 microns ou plus de diamètre par mètre cube d’air. Pour arriver à un tel résultat, il est nécessaire de prendre de nombreuses précautions.

L’air dans les deux pièces est filtré environ 70 fois toutes les heures à travers de vastes systèmes de filtration. On essuie également régulièrement les surfaces avec de l’alcool à friction isopropylique à 180 degrés, et on utilise des aspirateurs ultra-performants pour arriver à nettoyer tous les recoins de la pièce. Par ailleurs, la majorité des métaux sont en acier inoxydable, limitant au maximum la libération de particules dans l’air.

D’autres procédures sont également mises en place. Tous les composants des machines sont enveloppés dans du plastique. Ils sont alors déposés dans un sas pour être déballés et nettoyés. Alors seulement ils sont intégrés dans la salle blanche. Pour limiter les allers-retours, une grue stérilisée se charge de déplacer le plus gros des équipements.

Les ingénieurs sont également soumis à des procédures strictes. Avant d’entrer dans les vestiaires, les chaussures sont brossées dans le but de retirer tous les débris. Elles sont ensuite retirées et remplacées par des chaussons. Les chercheurs enfilent ensuite un costume blanc, un masque facial, un couvre-cheveux et des gants en latex. Ils pénètrent alors dans un sas pour se « doucher à l’air ». Le but est de souffler toutes les particules encore présentes sur le costume.

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Sur cette image, prise le 12 novembre 2019, on aperçoit le rover Mars 2020. Crédits : NASA / JPL-Caltech

Notez également qu’il est possible de voir toutes ces incroyables installations. Vous ne pouvez pas entrer dans les salles blanches, bien sûr, mais des vitres permettent de voir ce qu’il s’y passe à l’intérieur. Plus de 30 000 personnes visitent High Bay 1 chaque année.

Si vous êtes de passage dans la région cet été, vous aurez alors peut-être la chance de pouvoir apprécier le développement de la mission NISAR dans cette même pièce. Ce satellite d’observation de la Terre sera lancé en 2022.

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