Se détacher du bétail pour lutter contre la crise climatique

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La production de bétail doit atteindre son « pic » au cours de la prochaine décennie, avertissent des chercheurs. Au-delà, il sera essentiel de réduire la consommation de produits d’origine animale dans le but de faire face à la crise climatique.

Un rapport du Giec avait déjà tiré la sonnette d’alarme en août dernier. Les experts avaient alors averti qu’il nous était tout simplement impossible de maintenir les températures mondiales en dessous des niveaux acceptables sans une transformation de la manière dont nous produisons de la nourriture. Une nouvelle lettre, signée par une cinquantaine de chercheurs, évoque aujourd’hui le même constat.

Il est notamment demandé aux gouvernements de tous les pays, à l’exception des plus pauvres, de fixer une date pour leur « pic de viande » avant la fin de la décennie. Autrement dit, la production de bétail va devoir atteindre son apogée avant 2030. Au-delà, il sera essentiel de trouver des moyens de réduire la consommation de produits animaux.

Libérer des terres

L’élevage intensif se présente en effet comme l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre. Sa croissance est également très rapide. La production de viande, de lait et d’oeuf est passée de 758 millions de tonnes en 1990 à plus d’1,2 milliards de tonnes en 2017, notent les chercheurs.

D’autres chiffres sont également très révélateurs. Par exemple, le bétail représente aujourd’hui 60% du poids de tous les mammifères terrestres de la planète. À titre de comparaison, les humains représentent 36% de ce poids et les animaux sauvages seulement 4%. Autre fait important : plus de 80% des terres agricoles sont aujourd’hui utilisées pour le bétail, alors qu’elles ne produisent que 18% des calories alimentaires.

Ces terres, expliquent les chercheurs, pourraient être reconverties en cultures destinées à l’alimentation végétale ou en forêts. Les arbres, qui absorbent du CO2 pour vivre, sont en effet notre meilleure arme contre le réchauffement climatique.

« La réduction de la demande humaine de protéines animales à forte intensité de ressources ralentirait considérablement le taux de perte mondiale de forêts, avec d’énormes avantages pour la biodiversité et les services écosystémiques, en plus du stockage du carbone », note en effet Matthew Betts, de l’Université d’État de l’Oregon (États-Unis).

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Se détacher du bétail

En fixant une date attribuée au « pic de la consommation de viande », les gouvernements devront alors s’engager à ne plus augmenter la production de bétail. Cet instant devra se faire avant 2030, le temps de permettre aux acteurs de la chaîne agro-alimentaire de se diversifier.

Il sera également très important pour les consommateurs de changer de comportement alimentaire. En ce sens, un rapport publié il y a quelques mois dans la revue Nature notait la nécessité de mettre en place des stratégies éducatives et commerciales dans le but d’accompagner cette évolution.

Le professeur Pete Smith, de l’Université d’Aberdeen (Royaume-Uni) et membre du Giec, est l’un des signataires de cette lettre. « La viande de ruminant est 10 à 100 fois plus dommageable pour le climat que les aliments d’origine végétale, explique-t-il. Nous devons nous éloigner de notre dépendance à l’égard du bétail, tout comme nous devons nous éloigner des combustibles fossiles si nous voulons avoir une chance d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat ».

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