De récentes observations suggèrent que les coyotes, des canidés d’Amérique du Nord, commencent à se propager en Amérique du Sud. En cause : la déforestation.
Il fut un temps où les deux Amériques étaient séparées. C’est la formation de l’isthme de Panama, il y a environ trois millions d’années, qui permit à l’époque de relier les deux continents. Cette union a ensuite donné lieu au grand échange faunique interaméricain. Durant cet événement, la faune terrestre et d’eau douce a migré d’Amérique du Nord vers l’Amérique du Sud, et inversement.
De nouvelles recherches publiées dans le Journal of Mammalogy nous rappellent aujourd’hui que ce processus d’échange est toujours en cours.
Les coyotes envahissent le sud
Des chercheurs de la North Carolina State University ont analysé les images prises par des pièges photographiques entre 2006 et 2015 à l’est du Panama, puis entre 2016 à 2018 au nord de la Colombie. Ils ont repéré plusieurs coyotes, des canidés originaires d’Amérique du Nord, se déplacer dans les forêts de ces régions. Une première.
Dans le sens inverse, ils ont également souligné la présence de renards des savanes, originaires d’Amérique du Sud, se déplacent vers le nord jusqu’au Panama.
Jusqu’à ce jour, les coyotes n’avaient jamais atteint l’Amérique du Sud à cause des forêts denses d’Amérique centrale, qui abritent des jaguar et des pumas. Le problème, c’est que la région est soumise à une importante déforestation depuis plusieurs années. Il y a donc moins d’habitats disponibles pour les grands prédateurs, qui préfèrent explorer de nouveaux territoires plus au sud.
Les coyotes, des canidés hautement adaptatifs, profitent alors de l’absence de ces prédateurs pour investir ces nouvelles niches. Il semblerait que les renards des savanes en profitent également. Les chercheurs soulignent par ailleurs que ces deux espèces nocturnes semblent s’éviter.
Les coyotes «prennent beaucoup de place»
Les conséquences de la présence des renards dans la région sont encore incertaines, notent les chercheurs. En revanche, ils sont un peu plus inquiets concernant la présence des coyotes. Ces animaux chassent de petites proies, mais pas seulement.
«Les coyotes constituent une espèce ultime en termes de régime alimentaire et de type d’habitat, explique Roland Kays, principal auteur de l’étude. Ils chassent des proies de différentes tailles, du cerf à la souris, mais se nourrissent aussi d’insectes ou de fruits s’ils sont disponibles. Ils peuvent également faire face à une grande variété de climats, du désert à la forêt tropicale en passant par les hivers de l’Alaska ».
Avec une telle présence et de telles capacités d’adaptations, il est en effet possible que les coyotes perturbent l’équilibre écologique de la région. Les chercheurs suggèrent également que ces échanges pourraient davantage se produire au cours de ces prochaines années en raison de la déforestation. Ils appellent donc à la préservation de ces écosystèmes.
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