Antarctique : effondrement du nombre de manchots à jugulaire

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Crédits : Christian Aslund / Greenpeace

Des chercheurs ont enregistré une forte baisse des populations de manchots à jugulaire dans les îles de l’Antarctique. Le réchauffement climatique est à blâmer.

Dans le cadre d’une expédition de Greenpeace en Antarctique menée entre le 5 janvier et le 8 février dernier, des chercheurs de l’Université de Stony Brook ont effectué un recensement des couples reproducteurs de manchots à jugulaire. Ils se sont concentrés sur 32 colonies évoluant sur l’île de l’Éléphant, située au nord-ouest du continent, ainsi que sur deux petites îles voisines : Low et Livingston.

Effondrement collectif

Les résultats de leurs travaux suggèrent que sur les trois îles, les effectifs ont globalement diminué de près de 60% par rapport à 1971. Les chercheurs n’ont en effet compté que 52 786 couples sur l’île de l’Éléphant par exemple, alors qu’il y en avait plus de 100 000 à l’époque le long des côtes.

Ces manchots ne sont pas les seuls concernés par cette baisse des effectifs. Il y a quelques mois, des chercheurs ont averti que les manchots royaux pourraient disparaître d’ici 2100.

Ces résultats sont préliminaires. Ils feront l’objet de publications dans plusieurs revues scientifiques au cours de ces prochaines semaines. Néanmoins, le message est clair : les manchots à jugulaire, considérés comme de véritables baromètres de l’écosystème antarctique, ont besoin de soutien.

« Cela montre que quelque chose dans l’écologie marine s’est brisé ou a radicalement changé depuis les années 1970« , explique Noah Strycker, principal auteur de l’étude.

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Crédits : Wikipédia

Le réchauffement climatique en cause

Pour expliquer ce déclin alarmant, les chercheurs pointent du doigt le réchauffement climatique. En effet, tout comme l’Arctique plus au nord, le continent Antarctique essuie depuis plusieurs décennies une hausse rapide et constante des températures. Un record absolu a même été battu à l’échelle du continent le 6 février dernier.

Résultat, l’océan austral se réchauffe et devient plus acide. Ces conditions environnementales touchent directement le krill, dont se nourrissent les manchots. Ces petits crustacés ont en effet vu leur population diminuer de près de 80% dans certaines mers de l’Antarctique d’après Jason Bittel, du National Geographic.

Une hausse des températures dans la région implique également davantage de précipitations qui peuvent mettre en danger les poussins.

Cette expédition a également permis de constater que la baisse des effectifs de manchots à jugulaire profitait à une autre espèce : le manchot papou. Ces oiseaux sont considérés comme « les pigeons du monde des manchots ». Contrairement aux autres qui dépendent exclusivement du krill pour se nourrir, le manchot papou est en effet plus généraliste, n’hésitant pas à s’attaquer aux poissons et calmars. Il est également plus robuste et donc plus « à l’aise » lorsque les conditions environnementales se compliquent.

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