Terre « boule de neige » : quels organismes pouvaient y survivre ?

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Nous savons que des organismes vivaient lors des épisodes « boule de neige » de notre planète qui sont considérés comme les ères les plus froides de la Terre. La question est : à quoi ressemblaient-ils ?

Terre « boule de neige »

Au cours de son histoire, notre planète a connu plusieurs épisodes « boule de neige ». L’une de ces grandes glaciations s’est produite il y a entre 800 et 600 millions d’années. À cette époque, le supercontinent Rodinia, en place depuis 500 millions d’années, a commencé à se disloquer, entraînant de gigantesques éruptions volcaniques. En conséquence, de nombreuses terres ont été recouvertes de basalte. En s’écartant, les continents ont également ouvert des voies maritimes. L’humidité ambiante aurait alors généré de nombreuses précipitations, entraînant un accroissement de l’érosion des roches continentales.

Les roches basaltiques s’altérant très facilement, une grande partie du CO2 atmosphérique s’est ensuite retrouvée absorbée par ces nouveaux puits de carbone, abaissant de fait les niveaux atmosphériques. En conséquence, les températures terrestres ont chuté d’environ 50 °C, favorisant ainsi la formation de gigantesques calottes glaciaires. Notre planète, à l’instar d’Europe et d’Encelade, ressemblait alors à une énorme « boule de neige ».

La question de savoir si la Terre était réellement complètement englacée durant ces épisodes fait encore débat parmi les scientifiques. Cependant, tout le monde s’accorde sur une chose : les conditions de vie étaient particulièrement rudes. Nous savons que certains organismes ont quand même relevé le défi, mais à quoi ressemblaient-elles ?

terre boule de neige
Impression d’artiste d’une Terre « boule de neige ». Crédits : Science History Images

Un monde peuplé d’extrêmophiles

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. L’expansion et la contraction répétées des calottes glaciaires géantes ont en effet pulvérisé les restes de ces organismes, ne laissant presque aucune trace d’eux dans les archives fossiles.

Malgré le manque de preuves directes, il est tout de même raisonnable d’imaginer quelques formes de vie. Dans le cadre d’une récente étude, une équipe de la British Antarctic Survey a considéré trois périodes. La première, celle de Sturtian, s’est produite il y a environ 720 millions d’années et s’est étalée sur environ soixante millions d’années. La seconde (Glaciation marinoenne) s’est produite il y a 650 millions d’années sur à peine quinze millions d’années. La troisième (glaciation des Gaskiers) a eu lieu il y a environ 580 millions d’années.

Bien que la glace ait écrasé la plupart des fossiles de ces périodes, les scientifiques ont isolé une poignée de vestiges ayant survécu à la glaciation des Gaskiers. Parmi ces anciens habitants figuraient des frondomorphes, des organismes qui ressemblaient un peu à des feuilles de fougère. Ils vivaient probablement fixés au fond marin sous la glace et absorbaient peut-être les nutriments de l’eau qui coulait autour d’eux. Aux côtés des frondomorphes, le fond marin a également pu être habité par des éponges.

Nous savons également que certains habitants permanents de l’Antarctique,  tels que les anémones, vivent à l’envers, fixés sous la banquise. Selon les chercheurs, ces organismes se sont peut-être également fixés de la même manière, se nourrissant de nutriments transportés par les courants.

Il est également possible que les mouvements répétés de la glace de mer aient introduit des algues ou d’autres micro-organismes vivant en surface dans l’eau de mer, fournissant de la nourriture à d’autres animaux primitifs.

En outre, l’eau de fonte oxygénée située en haut de la colonne d’eau aurait pu soutenir les animaux qui en dépendaient. Certains organismes qui vivent aujourd’hui sur le fond marin de l’Antarctique s’appuient en effet sur les courants d’eau pour apporter un flux constant d’oxygène et de nutriments depuis les petites zones d’eau libre à la surface jusqu’en profondeur sous la glace. Nous pourrions donc imaginer une stratégie similaire à l’époque.

Comment la vie a-t-elle « rebondi » ?

Après avoir « fait le dos rond », la vie s’est ensuite épanouie. Par quel processus ? L’analyse de graisses fossiles isolées dans des molécules retrouvées dans des roches brésiliennes datant de 635 millions d’années nous a récemment livré quelques indices.

En analysant ces restes (chimiques) d’anciens d’organismes, les chercheurs ont en effet pu évaluer quel type de vie prospérait à cette époque. Réponse : le plancton hétérotrophe. Contrairement aux algues vertes qui participent à la photosynthèse, ces micro-organismes étaient de véritables prédateurs qui tiraient leur énergie en chassant et en dévorant des bactéries. De par leur voracité, ils auraient permis de réduire le nombre des bactéries dominantes de l’époque pour laisser de la place aux algues, grâce auxquelles des formes de vie plus complexes ont ensuite pu évoluer.