La glace recouvrait-elle entièrement la Terre durant les épisodes boule de neige ?

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La Terre a-t-elle été complètement englacée durant les boules de neige du Néoprotérozoïque ou est-ce qu’une bande d’eaux libres de glace a persisté près de l’équateur, permettant à la vie de trouver refuge ? La question continue de faire débat comme en témoigne une nouvelle étude parue dans la revue Nature Geoscience ce 9 juin.

À deux reprises durant sa longue histoire, notre planète a connu un emballement vers le froid : une première fois il y a environ 2,4 milliards d’années lors de la glaciation huronienne et une seconde fois lors des grandes glaciations du Néoprotérozoïque il y a de ça 800 à 600 millions d’années. Ces épisodes dits de Terre boule de neige continuent de faire l’objet de nombreuses recherches.

Une des nombreuses questions qui animent la communauté scientifique vise à savoir si la glaciation était effectivement totale ou si une petite bande d’eaux libres de glace a pu persister autour de l’équateur, permettant à la vie de trouver refuge dans un monde du reste figé par le froid. Si l’hypothèse a semblé prometteuse, de nouveaux résultats viennent mettre en doute sa plausibilité.

Le rôle sous-estimé des nuages sur le climat d’une Terre boule de neige

En utilisant deux modèles de circulation générale et un modèle d’équilibre énergétique, un groupe de chercheurs a montré que le climat du Cryogénien (-850 à -630 millions d’années) pouvait difficilement maintenir une ceinture équatoriale libre de glace. « Nous avons été surpris de constater que cet état n’était pas stable dans les modèles », relate Christoph Braun, auteur principal de l’étude. « Les nuages ​​​​réfléchissent le rayonnement solaire et c’est important pour la stabilité d’une ceinture d’eau ».

Boule de neige
Capture d’une simulation de Terre boule de neige avec une ceinture d’eaux libres de glace dans la bande équatoriale. Le champ présenté est la couverture de nuages bas (en pour cent). On note une importante couverture au-dessus des eaux équatoriales, réfléchissant une grande partie du rayonnement solaire incident. De fait, ladite ceinture est instable et tend à se refermer avec le temps. Crédits : IMK-TRO.

En somme, le refroidissement par les nuages remet en question l’hypothèse d’une Terre préservée de la glaciation totale par une bande équatoriale dépourvue de banquise et où la vie se serait réfugiée. Or, on sait que certaines espèces ont surpassé cette crise puisque nous sommes là aujourd’hui. Par ailleurs, des fossiles d’éponges datés du Cryogénien sont connus depuis longtemps. Si l’étude dit vrai, la vie aurait donc traversé le pire scénario imaginable.

On le voit, les résultats posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponse. Cela tient en grande partie à l’incertitude des modèles vis-à-vis des nuages, en particulier à une époque où la composition particulaire de l’atmosphère était très différente de l’actuelle. « Les nuages ne nous empêchent pas seulement de voir l’avenir, mais aussi de regarder dans le passé », reconnaît le chercheur.

Le travail est désormais de réduire les incertitudes quant au rôle des formations nuageuses. « Nous avons commencé à simuler les nuages dans les conditions climatiques du Cryogénien en utilisant des grilles de calcul plus fines afin de pouvoir étudier si et comment les incertitudes concernant les nuages peuvent être réduites », rapporte Christoph Braun. Affaire à suivre !