Pourquoi les tortues mangent autant de plastique ?

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Credits : Troy Mayne/WWF

De nouvelles preuves tendent à expliquer pourquoi nos déchets plastiques sont si dangereux pour les tortues marines : elle confondent leur odeur avec celle de leurs proies.

Nous savons que les tortues de mer sont attirées par le plastique. Cela se ressent d’ailleurs dans les chiffres. Il y a quelques mois, des tests effectués sur plus de 100 tortues de mer de sept espèces différentes ont en effet révélé la présence de micro-plastiques dans l’organisme de chacune d’entre elles.

Jusqu’à présent, nous avons toujours pensé que cet attrait pour le plastique s’expliquait par la ressemblance visuelle entre nos déchets flottants et les principales sources de nourriture des tortues que sont les méduses, les crabes, les éponges ou encore les plantes (selon les espèces). Mais ce n’est visiblement qu’une partie de l’équation.

Encrassement biologique

Il faut en effet savoir que nos sacs ou bouteilles en plastique sont de véritables « radeaux » pour des milliards d’algues et de bactéries. Ces micro-organismes – qui vivent, se reproduisent et meurent sur nos déchets – produisent alors du sulfure de diméthyle, dont l’odeur se répand ensuite sur de vastes zones au gré des vents.

Le problème, et comme cela a déjà été constaté, c’est que les tortues de mer raffolent de ces odeurs produites normalement par leurs proies. Ces dernières sortent la tête de l’eau, reniflent un bon coup, et se dirigent ensuite dans la direction d’où proviennent ces molécules. En suivant la piste, elles savent que, normalement, un bon repas les attend.

Dans le cadre de ces nouveaux travaux, des biologistes de l’Université de Floride (États-Unis) ont donc cherché à déterminer si – et à quel point – ce phénomène d’encrassement biologique sur nos déchets pouvait également attirer les tortues.

Pour ce faire, ils ont recruté 15 spécimens de l’espèce Caretta caretta, retrouvée dans les océans du monde entier, tous élevés en captivité.

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Une tortue caouanne (Caretta caretta). Crédits : tpsdave/Pixabay

Pièges olfactifs

L’idée consistait à tester la réaction des tortues en réponse à deux odeurs différentes vaporisées dans l’air au-dessus de leur aquarium. La première sentait la farine de poisson et de crevettes (leur nourriture en captivité), et la seconde était une odeur dégagée par un déchet plastique qui avait été colonisé par des bactéries et des petits invertébrés, puis trempé dans l’océan pendant cinq semaines.

Les chercheurs se sont également appuyés sur deux autres odeurs neutres comme témoins (de l’eau désionisée et un parfum de plastique propre).

Après avoir répété l’expérience, les chercheurs ont alors découvert que les tortues marines réagissaient aux odeurs de morceaux de plastique « encrassés » exactement de la même manière qu’aux odeurs de poissons et de crevettes (en sortant la tête de l’eau et en reniflant les parfums au moins trois fois).

« Nous nous attendions à ce qu’elles répondent aux deux premières odeurs dans une plus large mesure que les traitements témoins, mais nous nous attendions à ce que leurs réponses à la nourriture soient tout de même plus fortes », explique Joseph Pfaller, principal auteur de l’étude.

Pour les chercheurs, ces expériences confirment ainsi que les tortues peuvent être attirées par nos déchets non seulement à cause de leur apparence visuelle, mais aussi à cause des odeurs qu’ils dégagent. « Ces « pièges olfactifs » pourraient aider à expliquer pourquoi autant de tortues marines ingèrent du plastique, conclut-il, ou s’emmêlent si souvent dans nos filets ».

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