Nos émissions de méthane ont été largement sous-estimées

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Élevage bovin aux États-Unis Crédits : Greenpeace

Nos émissions de méthane dans l’atmosphère ont été plus élevées que prévu selon une étude. Ce constat amer suggère néanmoins que nous pourrions avoir plus d’influence dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Après le CO2, le méthane est un autre puissant gaz à effet de serre responsable du changement climatique actuellement observé. Nous sommes parfaitement en mesure de quantifier la présence de ce gaz dans l’atmosphère chaque année. Néanmoins, il a toujours été difficile pour les chercheurs de déterminer exactement l’origine de ces émissions.

On peut en effet classer en deux catégories le méthane émis dans l’atmosphère. Il y a d’une part le méthane fossile séquestré depuis des millions d’années dans des gisements d’hydrocarbures. Et d’autre part, il y a le méthane biologique produit par les organismes vivants sous l’effet de la fermentation ou de la digestion.

Sa libération se fait donc naturellement. En revanche, la libération du méthane fossile qui fait l’objet de cette étude se fait généralement suite à l’extraction et à l’utilisation de combustibles fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon.

Mais alors, quelle est la part de méthane d’origine naturelle et la part d’origine anthropique dans l’atmosphère ?

Nos émissions revues à la hausse

Pour le savoir, des chercheurs de l’Université de Rochester ont foré des carottes de glace au Groenland. Dans ces « capsules temporelles », ils ont recueilli des échantillons d’air anciens pour en analyser la composition avant et après le début du 18e siècle (début de la révolution industrielle), et ce, jusqu’à nos jours.

En mesurant les niveaux d’émission avant le début de la révolution industrielle, les chercheurs se donnaient alors les moyens d’identifier les émissions naturelles en l’absence des émissions de combustibles fossiles.

Ils ont alors découvert que la quasi-totalité du méthane émis dans l’atmosphère jusqu’en 1870 était de nature biologique. À partir de cette date, la composante fossile a commencé à augmenter rapidement jusqu’à prendre le dessus. Ils se sont également aperçus que celle-ci était aujourd’hui de 25 à 40% plus élevée que prévu par les recherches précédentes.

En fin de compte, il ressort de cette étude que la quantité de méthane dans l’atmosphère issue de nos activités a été largement sous-estimée. Ce constat négatif pourrait toutefois permettre de faire une plus grande différence dans la lutte contre le réchauffement climatique.

méthane gaz
Une plate-forme d’extraction de gaz naturel. Crédits : gloriaurban4 /pixabay

Une plus grande marge de manoeuvre

En effet, le CO2 peut stagner dans l’atmosphère pendant plusieurs dizaines d’années. Au contraire, le méthane ne persiste quant à lui que neuf ans en moyenne.

Cela signifie que si nous adoptons des réglementations plus strictes sur nos émissions dans l’industrie des combustibles fossiles, nous aurons le potentiel de réduire le réchauffement climatique futur dans une plus large mesure et dans un laps de temps beaucoup plus court.

« Si nous cessions d’émettre tout le dioxyde de carbone aujourd’hui, des niveaux élevés de dioxyde de carbone dans l’atmosphère persisteraient encore pendant longtemps« , confirme Benjamin Hmiel, principal auteur de l’étude. « Le méthane est important à étudier, car si nous apportons des modifications à nos émissions actuelles, les résultats vont se refléter plus rapidement« .

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature.

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