La dernière fois qu’on avait vu ce lézard à corne, c’était il y a 130 ans

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Crédits : CA PUTRA

Il y a deux ans, un biologiste identifiait un lézard de Modigliani vivant dans les forêts du nord de Sumatra, en Indonésie. La dernière fois qu’un tel spécimen était repéré, c’était en 1891.

Il y a près de 130 ans, l’explorateur italien Elio Modigliani se présentait au musée d’histoire naturelle de Gênes, en Suisse, avec un lézard collecté dans une forêt indonésienne. Le reptile, qui se distinguait par une petite corne sur le nez, représentait une espèce alors inconnue de la science. Il sera officiellement nommé Harpesaurus modiglianii en 1933, soit 42 ans plus tard.

Depuis, personne n’avait revu l’espèce dans la nature. On la considérait alors éteinte, jusqu’à ce jour du mois de juin 2018.

Alors qu’il mène une étude sur les oiseaux de la région entourant le lac Toba, dans le nord de Sumatra, Chairunas Adha Putra, un biologiste indépendant, tombe sur « un lézard mort aux caractéristiques morphologiques étranges ». Ne sachant pas exactement de quelle espèce il s’agit, il décide de contacter l’herpétologiste Thasun Amarasinghe, avant de lui envoyer le spécimen à Jakarta pour analyse.

Il n’aura suffi que d’un coup d’œil au chercheur pour identifier le fameux lézard de Modigliani. Et pour cause, « c’est la seule espèce de lézard à corne trouvée dans le nord de Sumatra », explique-t-il dans la revue Taprobanica: The Journal of Asian Biodiversity du 21 mai dernier.

Un spécimen bien vivant, à plus de 1600 mètres d’altitude

Plusieurs semaines plus tard, l’herpétologiste invite le biologiste à retourner sur place dans le but de retrouver l’un de ces lézards vivants. Après avoir arpenté la même forêt pendant cinq jours, Chairunas Adha Putra tombe finalement sur un mâle à 1675 mètres d’altitude, « allongé sur une branche basse et probablement endormi », explique-t-il.

Il le capture, prend des photos, estime ses mensurations et observe son comportement avant de le relâcher dans la nature la nuit suivante.

Si le spécimen mort exposé au musée de Gênes est d’aspect bleu pâle en raison de sa conservation, nous savons désormais que ce lézard arbore naturellement une teinte verte. « Son camouflage et son comportement dans les arbres sont également similaires à ceux des caméléons de montagne africains », ajoute le chercheur.

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Une illustration du lézard à corne de Modigliani réalisée en 1933 sur la base du spécimen original trouvé en 1891. Le corps du reptile a viré au bleu en raison de la façon dont il a été conservé. Crédits : Putra and al / Taprobanica / The Journal of Asia Biodiversity, 2020.

Si sa (re)découverte est une excellente nouvelle, le chercheur souligne tout de même que ce spécimen a été identifié à l’extérieur d’une zone de conservation où s’opèrent des opérations de déforestation non loin de là. Sa survie reste donc menacée. Le fait de savoir l’espèce bien présente dans ces contrées permettra en revanche de mettre en place des mesures de conservation appropriées.

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