Cet étrange cafard a vécu au temps des dinosaures

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Crédits : Peter Vršanský / Sendi et al. 2020

Des chercheurs ont retrouvé un cafard coincé dans l’ambre depuis au moins 99 millions d’années. Et nous savons qu’il n’aimait pas beaucoup la lumière.

On trouve des dépôts d’ambre partout dans le monde, mais les plus intéressants pour les paléontologues se trouvent au Myanmar (Birmanie). Ici, les gisements datent généralement de la période du Crétacé, il y a environ 99 millions d’années.

Au cours de ces dernières années, de nombreuses créatures ont été retrouvées dans cet ambre birman : un mille-pattes, un escargot, quatre grenouilles, un bébé serpent, un oisillon, et même des restes de dinosaures. Tous ces spécimens, très différents, ont en revanche un point commun : ils vivaient dehors, comme vous et moi. D’où l’intérêt de cette nouvelle découverte.

Un habitant des grottes

Peter Vršanský et son équipe, de l’Académie slovaque des sciences de Bratislava, en Slovaquie, ont en effet identifié le premier spécimen troglodyte évoluant au temps des dinosaures identifié dans l’ambre. Autrement dit, cette créature vivait dans une grotte. Et cette créature, c’était un cafard.

« C’est clairement un habitant des grottes, explique le chercheur. Il était de couleur très pâle, à cause de la perte de ses pigments, et ses yeux et ses ailes s’étaient considérablement réduits par rapport aux autres espèces cafards connues. Il possédait également des antennes très longues, ce qui l’a probablement aidé à naviguer dans l’obscurité« .

Les analyses de ce spécimen ont également montré que ses pattes ne dressaient aucune épines sensibles qui, normalement, permettent aux cafard de se protéger des prédateurs. « Ceux qui vivent dans les grottes n’ont pas ces épines, poursuit le chercheur, car dans les grottes, il n’y a pas de menace« .

Qu’un habitant des cavernes soit retrouvé dans de l’ambre paraît évidemment étrange. Après tout, cette pierre n’est autre que de la sève d’arbres durcie. Et il n’y pas d’arbres dans les grottes.

Pour Peter Vršanský il est donc possible que ce spécimen, un beau jour, se soit risqué à errer près de l’entrée de sa cachette, pour finalement se retrouver piégé par des arbres qui poussaient à proximité.

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Crédits : Peter Vršanský / Sendi et al. 2020

Ce cafard, nommé Mulleriblattina bowangi, appartenait à la famille des Nocticolidae. De nos jours, de nombreuses espèces de cette famille évoluent dans des grottes. Mais pour le chercheur, ces cafards plus « modernes » ne sont pas directement liés à ceux du Crétacé.

En reconstituant l’arbre généalogique des Nocticolidae, apparus il y a 127 millions d’années, il s’est en effet aperçu que les espèces troglodytes, qui ont tendance à évoluer plus rapidement que celles évoluant en plein jour, ont également tendance à s’éteindre aussi rapidement. En 30 millions d’années, suggère t-il, probablement à cause de la consanguinité ou du manque de matériel génétique.

Les détails de l’étude sont publiés dans Gondwana Research.

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