Les cafards seront bientôt impossibles à tuer avec des insecticides

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Une étude révèle que les cafards domestiques les plus courants sont capables de développer une « résistance croisée » à de multiples types de produits chimiques.

Peut-être êtes-vous concerné par le problème. Peut-être vous battez-vous avec les cafards depuis plusieurs années, même. Pour lutter contre ces blattoptères, qui privilégient les endroits chauds et humides, beaucoup utilisent les « bombes » spécialisées. Est-ce pour autant efficace ? Pas tellement, suggérait il y a quelques semaines une étude, les cafards étant capables de développer une certaine résistance aux insecticides. Ce que nous ne savions pas en revanche, c’était à quel point ils pouvaient être coriaces.

Résistance croisée

C’est en effet ce que révèlent de nouvelles expériences menées sur les blattes allemandes (Blattella germanica L.). C’est l’une des espèces les plus répandues dans le monde. Mais aussi la plus dangereuse, capable de transmettre de nombreuses maladies à l’Homme. Pour cette étude, des chercheurs américains de l’Université Purdue ont passé six mois à tenter d’éradiquer ces blattes dans trois immeubles situés dans l’Illinois et l’Indiana. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Nature, ont alors souligné que ces cafards étaient capables de développer une « résistance croisée » à plusieurs insecticides.

Les chercheurs ont utilisé pour ces expériences trois insecticides de qualité professionnelle différents. Une première épreuve incluait une rotation des trois insecticides différents, changeant tous les mois pendant six mois. Une seconde incluait un mélange de deux insecticides pulvérisés mensuellement. Et enfin la dernière incluait des appâts en gel abamectine appliqués une fois par mois dans une région où les blattes – testées en amont – présentaient une faible résistance à ce produit.

Sur ces trois expériences, seuls les appâts en gel d’abamectine ont réussi à réduire la population de cafards. Et seulement les populations faiblement résistantes. Dans une population où 10% des cafards étaient résistants aux produits chimiques, les effectifs ont augmenté. Les effectifs de blattes dans le bâtiment traité avec trois pesticides en rotation sont restés stables, et les populations du bâtiment traitées avec le mélange de deux insecticides ont évolué. Des tests en laboratoire ont ensuite montré que les blattes ayant survécu à la pulvérisation d’un insecticide survivraient à d’autres tentatives d’éradication, même si un produit différent était utilisé.

Une blatte germanique. Crédits : Pixabay

De génération en génération

Auparavant, donc, nous pensions que les blattes développaient une résistance à une classe d’insecticides, et ce seulement après exposition. Ce que nous observons ici, c’est que cette résistance peut concerner plusieurs produits à la fois, et ce même s’il n’y a jamais eu exposition. Ces capacités de lutte sont transmises de génération en génération à une vitesse vertigineuse. On rappelle, au passage, qu’une blatte femelle peut engendrer une cinquantaine de petits tous les trois mois.

Autrement dit, les produits chimiques actuellement utilisés pour éradiquer les cafards sont non seulement inefficaces, mais ils le seront de moins en moins avec le temps. Pour lutter, les chercheurs conseillent donc de se rabattre sur d’autres moyens. Comme des pièges, de meilleurs assainissements dans le développement de logements, ou des aspirateurs à insectes.

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