Un « médicament coupe-faim » pour lutter contre les moustiques ?

moustique tigre
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Des chercheurs américains se sont inspirés des médicaments prescrits aux personnes obèses pour occasionner une sensation de satiété chez le moustique, et ainsi stopper sa soif de sang. En revanche, ces recherches font face à un obstacle important.

Stopper les moustiques !

En 2018, des chercheurs libéraient des millions de moustiques mâles stérilisés dans le Queensland (Australie). Une opération coup de poing qui aura porté ses fruits : en quelques semaines, les scientifiques ont observé une chute de plus de 80 % de la population des insectes vecteurs de maladies. Quelques mois plus tard, le Burkina Faso avait autorisé la libération de 10 000 moustiques du même genre, à savoir des mâles génétiquement modifiés.

Une nouvelle mesure pour lutter contre les moustiques pourrait voir le jour grâce aux recherches menées par une équipe de l’Université Rockefeller (États-Unis). Publiée dans la revue Cell le 7 février 2019, l’étude avait pour but de trouver un moyen de « couper l’appétit » des moustiques.

Générer la sensation de satiété

L’étude en question s’est intéressée à la femelle Aedes aegypti, particulièrement vorace et attirée par les humains dont le sang contient des protéines très utiles à ses œufs. Par ailleurs, lorsque le moustique est rassasié, son attirance pour la nourriture se trouve amoindrie, si bien que celui-ci va se tenir tranquille quelques jours. Or, les chercheurs américains ont suivi cette piste et y ont intégré des neuropeptides de type Y (NPY) gérant la sensation de satiété chez l’humain. Il faut savoir que des médicaments anti-obésité ciblent déjà ces NPY pour couper l’appétit des patients.

Les chercheurs ont alors identifié chez le moustique le récepteur correspondant à ces caractéristiques : le NPYLR7. Ensuite, puisque le fait de répandre dans la nature un médicament d’origine humaine comporte des dangers, les scientifiques ont cherché une molécule capable d’activer ce NPYLR7 chez le moustique mais pas chez l’humain.

Pas moins de six substances ont été retenues – parmi plus de 250 000 -, celles-ci permettant de rassasier les moustiques durant deux à trois jours. Les chercheurs ont indiqué qu’après avoir absorbé les substances diluées dans des solutions salines, les moustiques agissaient comme s’ils venaient d’absorber du sang jusqu’à plus soif.

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Un obstacle majeur

L’intérêt principal de ce contrôle du comportement se situe sans conteste du côté de la réduction des risques de résistance développée par les moustiques. En effet, cette technique n’est pas destinée à les tuer, contrairement aux insecticides. En revanche, convaincre les moustiques d’absorber naturellement les substances décrites plus haut serait un véritable obstacle que les chercheurs tentent actuellement de franchir.

Les scientifiques imaginent plusieurs solutions, citons par exemple la mise au point d’appâts imitant les odeurs corporelles humaines ou relâchant du CO2. Il est également question de modifier génétiquement des moustiques mâles à relâcher dans la nature, dont la semence contiendrait une des fameuses substances coupe-faim.

Sources : The European Scientist – Futura Sciences

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