Et si la pollution influait le sexe-ratio à la naissance ?

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Une étude récente indique que la proportion de nouveau-nés garçons et filles aurait davantage un rapport avec les métaux lourds présents dans l’air et l’eau plutôt qu’avec les saisons, les aléas climatiques et autres facteurs sociaux.

D’énormes bases de données

Le sexe-ratio à la naissance a-t-il un lien avec la pollution ? Des chercheurs du Karolinska Institutet (Suède) et de l’Université de Chicago (États-Unis) ont tenté de répondre à cette question grâce à une métaétude prépubliée sur la plateforme MedRxiv en juin 2021. Selon les chercheurs, penser que la variabilité du sexe-ratio à la naissance subit l’influence des saisons, de la météo ou de certains facteurs sociaux relève de la croyance populaire.

L’étude en question est fondée sur deux bases de données importantes. La première représente environ la moitié de la population des États-Unis, soit 150 millions de personnes et plus de trois millions de bébés nés entre 2003 et 2011. La seconde concerne la population de la Suède dans son ensemble, soit dix millions de personnes, dont les 3,25 millions de naissances dans le pays entre 1983 et 2013.

Par ailleurs, les chercheurs ont étudié les informations concernant les conditions météorologiques et les polluants lors de chaque naissance. Ces données proviennent d’autres registres nationaux, dont l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis.

Une étude à prendre avec des pincettes

Selon les résultats, les variations sexe-ratio n’auraient absolument aucun rapport avec les saisons, les températures, le chômage, la criminalité ou encore les temps de trajet au quotidien pour aller au travail. Les chercheurs ont en revanche établi un lien avec de nombreux polluants. Certains sont synonymes d’augmentation du nombre de nouveau-nés mâles et d’autres, d’une réduction. Les substances faisant l’objet d’une corrélation significative sont généralement présentes dans l’air (fer, plomb, mercure, aluminium ou monoxyde de carbone) et dans l’eau (arsenic et chrome).

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L’étude évoque également d’autres facteurs comme le taux de mortalité sur la route et les sécheresses extrêmes. Citons également les permis industriels ainsi que les logements vides dans une zone définie. Par ailleurs, les chercheurs ont tenté de corréler certains événements stressants à la variabilité du sexe à la naissance. Ainsi, ils n’ont découvert aucune corrélation avec l’ouragan Katrina (2005), mais en ont trouvé dans le cas de la fusillade de Virginia Tech (2007).

Doit-on douter de la fiabilité de cette métaétude ? Sans doute. Tout d’abord, il s’agit d’une prépublication qui n’a donc pas été validée par des pairs. Les chercheurs expliquent par ailleurs que des études supplémentaires seraient nécessaires pour vérifier la véracité de chaque corrélation. Cette étude ne peut donc pas prouver à elle seule que les polluants ont un lien direct avec les variations du sexe-ratio à la naissance.