L’une des plus grandes carapaces de tortue jamais découverte

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Impression d'artiste de Stupendemys géographiques. Le plus grand spécimen complet de tortue éteinte a été découvert en Colombie. Crédits : Jaime Chirinos

En Colombie, des chercheurs ont retrouvé une énorme carapace fossilisée appartenant jadis à l’une des plus grandes tortues ayant existé sur Terre.

Stupendemys géographiquesus est une tortue d’eau douce gigantesque qui vivait il y a entre 5 et 13 millions d’années. Considérée comme la plus grosse tortue sur Terre ayant jamais existé, on en savait encore très peu à son sujet, tant ses fossiles sont rares. Plusieurs carapaces découvertes il y a quelques mois en Colombie nous permettent aujourd’hui d’en apprendre davantage sur ce reptile énigmatique.

Les détails de l’étude ont été publiés dans la revue Science Advances.

Chassée par d’autres géants

Que peut-on ressortir de ces découvertes ? Premièrement, que la plus grande carapace retrouvée mesurait un peu plus de 2,40 mètres de long. Et que l’animal qui la portait sur son dos devait peser au moins 1 145 kg. À titre de comparaison, c’est près de 100 fois plus lourd que son plus proche parent actuel, la tortue Peltocephalus dumerilianus, retrouvée en Amazonie.

Plusieurs de ces carapaces, identifiées dans le désert de Tatacoa, ont également montré plusieurs marques de morsure. Pour les chercheurs, cela suggère que ces tortues étaient chassées par d’énormes crocodiles évoluant dans la région à la même époque – Gryposuchus et Purussaurus. Pour vous faire à l’idée, certains spécimens pouvaient atteindre les 12 mètres de long ! Une dent de l’un de ces crocodiliens a même été retrouvée plantée dans l’une des carapaces.

Dimorphisme sexuel

Les chercheurs, dirigés par Edwin Cadena, de l’Université colombienne de Rosario, ont aussi remarqué un important dimorphisme sexuel chez cette espèce. En effet, contrairement aux femelles, les mâles semblaient équipés d’excroissances aux extrémités avant de la partie supérieure de leur carapace. Des sortes de petites cornes qui jouaient probablement un rôle important lors des combats ou des parades nuptiales.

Adán Pérez García, du groupe de biologie évolutive de l’UNED en Espagne, s’est particulièrement réjoui de ces incroyables découvertes. « La nouvelle étude permet non seulement de connaître de nouvelles informations anatomiques, a-t-il déclaré, mais aide également à faire la distinction entre les mâles et les femelles, et à mieux comprendre le mode de vie de cet ancien grand reptile ».

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Edwin Caden à côté du fossile de la tortue. Crédit : Rodolfo Sanchez

On pense que S. Geographicus s’est probablement éteinte il y a environ cinq millions d’années. Les raisons de son départ sont encore floues, mais les chercheurs ont quelques idées.

« Bien qu’il n’y ait pas de dernier mot sur les causes de son extinction, nous l’attribuons à une combinaison de facteurs, y compris la segmentation de l’habitat due aux événements géologiques et hydrologiques qui se sont produits dans le nord de l’Amérique du Sud pendant cette période », note Edwin Cadena.

Il fait notamment référence au soulèvement intense des Andes et à la reconfiguration des principaux fleuves de la région : Amazonie, Orénoque et Magdalena.

Selon lui, « cette réduction de la taille de l’habitat aurait pu créer des perturbations écologiques pour les tortues géantes et les crocodiles habitant cette région et favoriser leur extinction ».

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