L’océan d’Europe, la lune de Jupiter, a-t-il abrité la vie ?

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Crédits : NASA / JPL-Caltech / SETI Institute

Des chercheurs ont récemment déterminé comment l’océan sous-marin d’Europe, la lune de Jupiter, a pu se former. Ils concluent aujourd’hui que cette vaste étendue d’eau aurait pu soutenir une vie microbienne dans le passé.

Europe, l’une des nombreuses lunes de Jupiter, est depuis longtemps considérée comme une cible de choix dans la recherche de la vie extraterrestre. Et pour cause, sous son épaisse couche de glace se cache un vaste océan d’eau liquide. Profond de 65 à 160 kilomètres, il contiendrait l’équivalent de deux fois le volume des océans de la Terre.

Du moins, c’est ce que les chercheurs imaginent. Pour en avoir le cœur net, la NASA prévoit d’envoyer une nouvelle sonde sur place.  La mission Europa Clipper, dont le lancement est prévu en 2023, devra s’assurer de la présence d’eau sous la croûte de glace et déterminer ses caractéristiques.

Depuis l’annonce de cette nouvelle aventure dans le système jovien, faite il y a plusieurs années, les scientifiques ont travaillé à comprendre la lune dans le but de mieux servir cette mission.

D’où la lune a-t-elle tiré son eau ?

Récemment, Mohit Melwani Daswani et son équipe du Jet Propulsion Laboratory de la NASA ont analysé les données recueillies par la mission Galileo.

À partir du milieu des années 1990, cette sonde avait en effet étudié Jupiter et ses lunes pendant environ huit ans. C’est d’ailleurs elle qui avait suggéré à l’époque la présence d’un océan mondial d’eau liquide nichée sous la surface glacée d’Europe.

L’idée maîtresse de leurs recherches était de comprendre d’où pourrait provenir toute cette eau en premier lieu. Notez que ces résultats présentés à la Conférence Goldschmidt 2020 doivent encore être examinés par des pairs.

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont analysé les réservoirs géochimiques de la lune. « Nous avons pu modéliser la composition et les propriétés physiques du noyau, de la couche de silicate et de l’océan« , explique Mohit Melwani Daswani. « Nous avons constaté que différents minéraux auraient perdu de l’eau et des substances volatiles à différentes profondeurs et températures« .

Les chercheurs ont finalement découvert que l’océan d’Europe aurait pu se former par métamorphisme. En d’autres termes, par le chauffage et l’augmentation de la pression provoqués par une décroissance radioactive précoce ou par des mouvements de marée souterrains ultérieurs, provoquant alors la dégradation des minéraux contenant de l’eau.

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Euorpe, Io et Jupiter en arrière plan. Crédits : Wikipédia

Potentiellement habitable dans le passé

Les chercheurs ont également découvert que cet océan aurait été à l’origine légèrement acide, avec des concentrations élevées en dioxyde de carbone, calcium et sulfate, comme ce fut le cas autrefois sur Terre.

« Nous pensons que l’océan d’Europe a peut-être été habitable assez tôt après sa formation », souligne le chercheur. Ce dernier imagine alors des microbes semblables à certaines bactéries terrestres s’appuyant sur le dioxyde de carbone comme source d’énergie.

Mohit Melwani Daswani avertit tout de même : habitable ne veut pas dire habité. « Cela signifie simplement que les conditions auraient pu permettre la survie de certaines formes de vie extrêmement robustes, comme celles que nous connaissons sur Terre« .

Selon leurs modèles, il serait également possible que les océans d’autres lunes, comme la voisine d’Europe, Ganymède, ou encore Titan, la lune de Saturne, puissent également s’être formés par des processus similaires.

Il convient également de rappeler que les chercheurs ont étudié ici le potentiel de vie passé de la lune. Autrement dit, la question de son habitabilité actuelle se pose encore.