Les rats sautent de joie en regardant les autres se faire chatouiller

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Crédits : cwhiteharp/Pixabay

Lorsque des rats « observateurs » regardent d’autres rats « démonstrateurs » se faire chatouiller, les premiers effectuent de petits sauts de joie. Certaines régions de leur cerveau impliquées dans l’empathie primale s’illuminent également lorsqu’ils écoutent les sons que font les rats chatouillés. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue iScience.

La capacité d’un individu à partager les sentiments d’autrui joue un rôle essentiel dans les interactions sociales humaines. D’un point de vue évolutif, cette contagion émotionnelle peut même être vitale, non seulement pour les humains, mais pour toutes les espèces sociales. Cette capacité, qui pourrait avoir ses origines dans le comportement parental, est aujourd’hui considérée comme la racine de l’empathie et un précurseur du comportement prosocial.

Les mécanismes qui pourraient expliquer ce phénomène font encore l’objet de discussions dans diverses disciplines. Il existe notamment un domaine de recherche croissant sur l’empathie des rongeurs. Cependant, jusqu’à présent, ces études se sont principalement concentrées sur les émotions négatives. Pour ces nouveaux travaux, les chercheurs se sont focalisés sur un sujet plus heureux : celui des chatouilles.

L’empathie étant un terme un peu ambigu, les chercheurs précisent qu’ils se sont ici concentrés sur une forme basale de contagion émotionnelle, appelée empathie dite « primale », ou empathie « affective », et non sur des incarnations cognitives supérieures de l’empathie.

Un « rire contagieux »

Pour leur expérience, l’équipe a installé des rats dans une grosse boîte coupée en deux par une vitre. D’un côté, les chercheurs plaçaient des rats dits « observateurs » et de l’autre des rats dits « démonstrateurs ». Les premiers pouvaient observer les seconds se faire chatouiller (il est connu que les rats répondent favorablement aux chatouilles). Dans un second temps, les chercheurs ont mimé un chatouillement sans la présence de rat « démonstrateurs » ou chatouillaient directement les rats « observateurs ». Enfin, les animaux ont également été soumis aux bruits émis par un autre rongeur chatouillé.

Pendant tout ce temps, des électrodes dans le cerveau ont enregistré l’activité neuronale des régions d’intérêt.

Résultat : les rats « observateurs » ont vocalisé et effectué ce que les chercheurs considèrent comme des petits sauts de joie pendant qu’ils assistaient à des chatouillements en direct. Cependant, ils montraient peu de réponses comportementales au cours des autres conditions expérimentales. Le cortex somatosensoriel du tronc semblait également se décharger lorsque les rats faisaient des bruits joyeux, ce qui suggère que cette région du cerveau est directement impliquée dans le rire contagieux et l’empathie.

Qu’il s’agisse de conduire de petites voitures pour se détendre ou de jouer à cache-cache, les rats semblent plus que jamais capables d’interactions complexes allant bien au-delà de ce que nous imaginions.