L’émergence précoce de températures humides extrêmes intolérables pour l’humain

homme transpiration
Crédits :tommaso79 / iStock

Des chercheurs américains ont mené une étude portant sur les données de nombreuses stations météorologiques. Selon les résultats, des combos chaleur/humidité intolérables sont apparus récemment sur Terre. Et pourtant, les chercheurs n’attendaient pas d’épisodes aussi extrêmes avant une trentaine d’années !

La température humide

Qu’il s’agisse de climats extrêmes chauds ou froids, l’humain a toujours pu s’adapter. Néanmoins, il y a tout de même des limites et celles-ci peuvent être notamment dictées par des niveaux de température et d’humidité insupportables. Selon une étude publiée dans Science Advances le 8 mai 2020, le dérèglement climatique sonne le retour de niveaux inexistants sur Terre depuis des millions d’années.

L’étude pilotée par Colin Raymond du Jet Propulsion Laboratory de la NASA s’est concentrée sur les données de nombreuses stations météorologiques. Or, les chercheurs ont particulièrement étudié la « température humide » (TW), combinant à la fois les mesures de la chaleur et celles du taux d’humidité.

Selon les résultats, il y a eu entre 1979 et 2017 une multiplication par deux des évènements météo extrêmes compris entre 27°C TW et 35°C TW. Les scientifiques évoquent même un dépassement des 35°C TW à Jacobabad (Pakistan) et à Ras al Khaimah (Émirats Arabes Unis). S’il s’agissait de dépassements sur un court laps de temps, ceux-ci sont particulièrement préoccupants. À titre de comparaison, la canicule de 2003 ayant causé 70 000 décès en Europe n’avait pas dépassé les 28°C TW. Heureusement, il s’agissait d’une vague de chaleur sèche.

carte température humide
Crédits : The emergence of heat and humidity too severe for human tolerance, Sciences Advances, 2020 .

35°C TW : un seuil mortel

Qu’on se le dise, 35°C TW est considéré comme un seuil mortel pour l’être humain ! La raison est simple : ces conditions annulent deux mécanismes de refroidissement du corps. Rappelons que la peau humaine est à 35 °C en surface. Or, si l’air extérieur se trouve à la même température, l’échange thermique est impossible. Ainsi, la seule solution restante pour évacuer la chaleur n’est autre que la sudation. En revanche dans le cas d’une saturation de l’air en humidité, nous retrouvons automatiquement une forte perturbation du processus de sudation. Résultat, le corps « surchauffe » et finit par abandonner.

Les climatologues réfléchissent aux conséquences de ces fortes températures humides depuis seulement une décennie. Toutefois, ceux-ci ont très vite identifié le danger. En effet, des études antérieures prévoyaient déjà un dépassement des 35°C TW dans le cadre d’un scénario particulièrement pessimiste en termes d’émissions de gaz à effet de serre. En revanche, ce scénario estimait l’apparition des premiers dépassements vers… 2050 !

Les meneurs de l’étude estiment que l’avancée progressive vers de telles températures humides représente un défi majeur pour l’humanité dans les décennies à venir. Par ailleurs, ont été identifiées de nombreuses zones combinant une présence en zone subtropicale et la proximité d’océans aux eaux de surface extrêmement chaudes avec des vagues de chaleur continentales. Si le Pakistan et les Émirats Arabes Unis ont déjà dépassé une fois les 35°C TW, ce pourrait être le cas dans d’autres zones du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud dont l’Inde dans un avenir très proche.