Le syndrome de Diogène, un trouble complexe du comportement

Décrit pour la première fois il y a une cinquantaine d’années, le syndrome de Diogène n’est autre qu’un trouble du comportement. Sa caractéristique principale : une accumulation compulsive extrême d’objets en tout genre, conduisant souvent à une forte négligence de soi-même et de son habitat.

Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?

Le syndrome de Diogène a été décrit pour la première fois en 1975, bien qu’une première étude en 1966 s’intéressait déjà à des cas relevant de ce trouble. Ce syndrome fait référence à Diogène de Sinope, un philosophe grec du IVe siècle av. J.-C. À l’époque, ce personnage choquait par son attitude et sa façon de vivre hors de toute convention sociale. Il vivait notamment dans une grosse jarre renversée en pleine rue, dans le dénuement le plus total (voir image principale).

Les symptômes du syndrome de Diogène sont nombreux, et peuvent se conjuguer entre eux. Le phénomène d’accumulation d’objets est présent dans la majorité des cas, une pratique également nommée syllogomanie touchant entre 2 et 6 % de la population totale. Il est également souvent question d’une négligence extrême de l’hygiène corporelle et domestique, ainsi que d’un déni de son propre état accompagné d’une absence de honte. Cela peut également conduire à un isolement social et à un refus catégorique de toute aide extérieure, jugée intrusive.

Exemple d’un cas de syndrome de Diogène
Crédits : Wikipedia

Étudier le profil des personnes touchées

En 2017, une étude française publiée dans le Journal of Aging Research & Clinical Practice s’est intéressée de près à ce trouble du comportement. Une cinquantaine de volontaires âgés de 50 à 93 ans et atteints par ce syndrome ont été suivis. Vivant à Paris, ces personnes avaient été signalées pour des nuisances de type odeurs ou parasites, ou encore pour des risques d’incendie ou de fuite d’eau.

Cette étude a permis d’identifier pas moins de six types de syndrome de Diogène, et ce en fonction des trois symptômes caractéristiques. Ceux-ci sont incarnés par l’accumulation compulsive d’objets divers, la négligence de soi (hygiène) et l’isolement social. Outre le type 1 (le plus lourd) réunissant les trois symptômes à la fois, les autres types sont considérés comme des « syndromes partiels », intégrant un ou deux des symptômes.

Par ailleurs, les chercheurs français ont indiqué que le symptôme le plus fréquent était l’accumulation compulsive (souvent des déchets), présente dans 90 % des cas ! Celui-ci est d’ailleurs difficilement repérable car imperceptible durant des mois voire des années. En effet, il faut très souvent attendre que l’insalubrité alerte le voisinage et les autorités avant d’avoir connaissance de ce genre de cas. Parfois, on découvre l’existence d’un syndrome de Diogène après le décès du locataire ou du propriétaire, au moment d’organiser le nettoyage du logement.

Une personne atteinte du trouble de Diogène n’a aucune considération pour son hygiène ou son état de santé personnel. Comme elle est très discrète, elle peut tomber malade et rester chez elle sans se faire soigner, ce qui peut amener à de graves problèmes de santé.

En juillet dernier, on découvrait dans la presse qu’un Marseillais de 78 ans, atteint du syndrome de Diogène, avait entassé 24 tonnes de déchets chez lui. C’est bien la preuve que cette maladie ne connaît pas de limite.

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