Le bitcoin signe le « comeback » de plusieurs centrales à charbon obsolètes

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Une centrale électrique au charbon à Glenrock, dans le Wyoming. Crédits : J David Ake / AP

Malgré le souhait d’Elon Musk de rendre le bitcoin plus vert, il semble que le chemin à parcourir soit encore très long. La récente flambée de cette cryptomonnaie a mis en lumière un phénomène préoccupant. Des sociétés ont en effet réhabilité des centrales à charbon pour alimenter le minage de bitcoins.

L’illusion d’un bitcoin plus vert

En 2018, nous rappelions que l’activité en lien avec le bitcoin affichait une consommation énergétique similaire à celle de l’Irlande. Or, une étude du Oak Ridge Institute de Cincinnati (États-Unis) estimait à 17 millions de joules (MJ) les besoins en énergie pour miner un dollar de Bitcoin. Cette valeur se situe bien en dessous des 7 MJ nécessaires au minage d’un dollar de platine. En mai 2021, Elon Musk affichait sa nouvelle position concernant le bitcoin. Il affirmait qu’il n’utilisera ou n’acceptera pas de bitcoins tant qu’il ne sera pas certain d’une production durable. Néanmoins, il se peut que le patron de SpaceX attende très longtemps au vu de la situation actuelle.

Comme l’explique The Wall Street Journal dans un article du 21 mai 2021, le fonctionnement du bitcoin, mais surtout les flambées de son cours sont un problème. Aux États-Unis, on assiste en effet à un retour de certaines centrales à charbon obsolètes. Rappelons que miner du bitcoin nécessite d’effectuer des calculs mathématiques pour lesquels les « mineurs » se trouvent en compétition, surtout lorsque la cryptomonnaie voit son cours s’envoler. Malgré une récente baisse de 30 %, la flambée de ces derniers mois a rappelé que dans ce genre de cas, les calculs sont plus difficiles et demandent davantage d’énergie.

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Crédits : Max Pixel

Des projets controversés

En octobre 2020, la société de minage Marathon Patent Group a scellé un accord avec Beowulf Energy. Cette dernière exploite une centrale à charbon de 119 MW/h dans l’état du Montana. Or, le fait est que cette centrale devait fermer ses portes en 2018, mais que l’accord en question a été salvateur. Selon Marathon Patent Group, miner un bitcoin lui coûterait désormais 4 600 dollars, soit une baisse de 38 %. Outre les accords concernant des projets de minage de bitcoin, il est aussi question de fournir de l’énergie à des centres de données.

Citons également la société Atlas Holdings, dont l’activité consiste à redresser des entreprises en difficulté. En 2014, elle a racheté une centrale à charbon à Dresden dans l’état de New York. Au moment du rachat, la centrale était fermée depuis quelques années en raison d’un rendement trop faible. Atlas Holdings l’a convertie en centrale à gaz avant de relancer la production pour alimenter une ferme à bitcoin. Toujours dans l’état de New York à Buffalo, Digihost Technology a racheté une autre centrale à gaz dans le même but.

Des restrictions qui déplaisent

Aux États-Unis, ces projets sujets à controverse ont attiré l’attention des associations écologistes qui ont multiplié les recours auprès des autorités compétentes. Les États-Unis nourrissent d’ambitieux objectifs zéro carbone, si bien que des mesures pourraient être prises dans un avenir proche. L’état de New York pense actuellement à un moratoire de trois ans concernant les fermes à bitcoin. Elles devront notamment mener des études d’impact sur la qualité de l’eau, de l’air ainsi que sur la faune sauvage. La mesure que tente de mettre en place l’état de New York ne plaît toutefois pas à Digihost Technology. En cas de restriction, cette société a promis un déménagement dans un autre état, voire au Canada. Son PDG Michel Amar a évoqué une hypocrisie des autorités, rappelant que les data centers sont également très polluants.

En 2019, la Chine réfléchissait quant à elle déjà à prendre des mesures draconiennes contre le minage de bitcoin. En 2017, le pays hébergeait en effet pas moins de 58 % des fermes de minage du monde. Aussi, le gouvernement disait prendre très au sérieux les énormes quantités d’énergie nécessaires à cette activité ainsi qu’aux pollutions en résultant.