Et si les forêts sous-marines pouvaient aider à la lutte contre le réchauffement climatique ?

foret kelp algue
Crédits : California Sea Grant / Flickr

Les forêts sous-marines, qui se composent d’algues brunes géantes, sont capables de capter et de stocker du carbone sous forme de matière organique. Selon une étude récente, il est question d’écosystèmes pouvant soutenir la lutte contre le réchauffement climatique.

Des millions de kilomètres carrés

Le kelp est un type de forêt sous-marine où se trouvent des algues brunes de différents types : Laminaria, Macrocystis et Nereocystis. Également qualifiées par le terme « varech », ces macroalgues poussent sur des substrats solides – le plus souvent rocheux – dans des eaux de climats tempérés et arctiques. La forêt sous-marine de ce genre la plus célèbre est celle se trouvant au large de l’Afrique du Sud et de la Namibie. Cette dernière a d’ailleurs été le décor du documentaire La Sagesse de la Pieuvre (2020). Toutefois, il faut savoir que l’ensemble des continents (sauf l’Antarctique) sont entourés par des forêts de kelp. Celles-ci sont plus ou moins étendues et une bonne partie d’entre elles sont encore inconnues.

Selon une étude publiée dans la revue Science Advances en septembre 2022, les algues marines couvriraient entre 6 et 7,2 millions de km² de surface, soit l’équivalent du bassin de la forêt amazonienne. Cette estimation de l’équipe internationale ayant conduit l’étude se base en partie sur l’analyse de données provenant de programmes de science participative.

foret kelp algue
Crédits : National Marine Sanctuaries / Flickr

Une capacité mise à rude épreuve

Grâce à leur capacité de photosynthèse, les algues captent le CO2 dissous dans l’eau et s’en servent pour grandir. Au final, une partie de leur matière organique termine sa course au fond des océans, après la mort des algues ou après celle des organismes les ayant ingéré. En revanche, les algues ne sont pas enracinées dans le sédiment comme peuvent l’être les plantes aquatiques composant les prairies sous-marines ou « herbiers marins ». Les algues flottent et ne peuvent donc pas stocker le carbone directement dans le sol. De plus, le bilan carbone des organismes peuplant ces forêts sous-marines est à prendre en compte dans la mesure où ceux-ci génèrent du CO2 en respirant.

La capacité de stockage du carbone des forêts de kelp est intéressante dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique mais, malheureusement, pourrait se réduire avec le réchauffement de l’eau. Il devient alors question d’une accélération de la décomposition des algues et donc d’une réduction de la part de la matière organique finissant au fond des océans. Par ailleurs, les forêts de kelp sont surtout très utiles pour la biodiversité, en abritant une grande variété de poissons et autres animaux comme les loutres de mer.

Outre le réchauffement de l’eau, les forêts de varech subissent d’autres menaces : la montée des eaux, la pollution ainsi que la présence d’espèces invasives. Concernant ce dernier point, un exemple illustre parfaitement une situation très complexe. Sur le littoral californien, les forêts de kelp se sont réduites de 95 % durant ces dernières années. En effet l’oursin – principal prédateur du kelp – a pratiquement le champ libre depuis la disparition massive de son propre prédateur – l’étoile de mer – elle-même en proie à une maladie mortelle trouvant sa source dans le réchauffement de l’eau.