Et si la production de fumier devenait plus intéressante que celle du lait ?

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Crédits : JLPC / Wikimedia Commons

Le fumier est un déchet de l’élevage que l’on réutilise généralement comme fertilisant en agriculture. Néanmoins, il est possible que celui-ci devienne le produit issu de l’élevage le plus intéressant financièrement, ce qui ferait par exemple passer le lait comme un sous-produit de cette industrie.

Un nouveau produit à forte valeur

Le méthane (CH4) est un gaz à effet de serre dont la durée de vie dans l’atmosphère est de dix ans, contre plusieurs centaines d’années pour le dioxyde de carbone (CO2). Néanmoins, le CH4 a un pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2. Le méthane est donc un gaz préoccupant et fait partie des plans de lutte contre le réchauffement climatique. En mai 2021, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) a d’ailleurs publié un rapport détaillant la marche à suivre pour réduire les émissions de méthane. Tout projet se destinant à réduire les émissions de CH4 est potentiellement intéressant. Citons par exemple cette usine suédoise qui produit des algues pour nourrir le bétail, et ainsi réduire les émissions des bêtes.

Réduire les émissions passe aussi par la réutilisation de ce gaz. En Californie, dans la vallée de San Joaquin, le fumier est en passe de devenir un produit à forte valeur pour les éleveurs, comme l’a expliqué le quotidien local The Fresno Bee le 16 octobre 2021. Le fumier produit du méthane, dont l’extraction se fait au moyen d’un digesteur. Il est question de produire du biogaz, un gaz vert composé de méthane et de CO2. Or, une fois extrait le biométhane du biogaz, celui-ci permet les mêmes usages que le gaz naturel.

élevage vaches
Crédits : Greenpeace

Le fumier génère plus de profit que le lait

Les fermes produisent donc du méthane puis le vendent à d’importantes entreprises ayant misé sur cette ressource et qui se fournissent en fumier directement auprès des fermiers. Les profits sont en effet très intéressants, à savoir entre 80 et 100 dollars par vache et par an. Or, pour une ferme comptant par exemple 3 500 têtes de bétail, la somme rapportée peut donc atteindre 350 000 dollars. Par ailleurs, les fermes peuvent acquérir leur propre digesteur et produire du biogaz. Toutefois, ceci comporte quelques risques, mais là encore les profits sont importants. Le bénéfice se chiffrerait entre 2 et 3 dollars pour 100 livres (45 kilos) de fumier, soit davantage que le lait !

Dans ce contexte, produire du lait deviendrait donc moins intéressant que de produire du fumier. De plus, cette situation assez surprenante devrait davantage profiter aux énormes exploitations disposant de centaines de milliers de têtes. En effet, les petites exploitations ont évidemment de plus faibles moyens et ne peuvent pas toutes se payer un digesteur.