Colonisation de l’espace : et si les astéroïdes étaient plus intéressants que Mars ?

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Dans les années 1970, un astrophysicien étasunien expliquait déjà que la conquête spatiale serait plus simple sur des astéroïdes que sur des planètes. Aujourd’hui, d’autres chercheurs pensent sensiblement de la même manière.

Une colonie sur un astéroïde géocroiseur

Il y a un peu plus d’un demi-siècle, l’astrophysicien étasunien Gerard Kitchen O’Neill s’est fait connaître pour ses théories à propos des colonies dans l’espace. À l’époque, l’intéressé estimait déjà que la conquête de l’espace pourrait être plus simple en s’intéressant aux astéroïdes plutôt qu’aux planètes. L’expert affirmait que le plus important obstacle pour les humains était la gravité et non l’absence d’oxygène ou d’atmosphère.

En janvier 2022, l’astrophysicien Adam Frank – spécialiste de l’hydrodynamique et de la physique des plasmas – a publié une étude dans la revue Frontiers in Astronomy and Space Sciences. Le scientifique et son équipe de l’Université de Rochester (États-Unis) expliquent que le meilleur moyen pour l’humanité de bâtir une colonie spatiale est de s’établir sur un astéroïde géocroiseur.

Ainsi, l’étude s’est concentrée sur Bennu (ou Bénou), un astéroïde visité par la sonde OSIRIS-REX de la NASA en fin d’année 2020. Rappelons au passage que l’objet de 500 mètres de diamètre se trouve à environ 330 millions de kilomètres de la Terre.

Bennu
Crédits : NASA / Goddard / Université de l’Arizona / Lockheed Martin

Un fort intérêt sur le plan énergétique

Gerard Kitchen O’Neill expliquait dans les années 1970 que le choix d’un astéroïde dans le cadre de l’établissement d’une colonie était très intéressant sur le plan énergétique. En effet, compte tenu de la gravité moindre, décoller depuis l’objet en question est beaucoup plus facile que depuis une planète telle que Mars, Vénus ou même la Terre. De plus, les missions de ravitaillement seraient également bien plus abordables, une théorie qu’Adam Frank et son équipe ont volontiers récupérée.

Par ailleurs, il faut savoir que la nuit n’existe pas sur Bennu. En effet, le soleil arrose l’objet en permanence, si bien que la perspective de maximiser cette énergie solaire est très alléchante. Selon les chercheurs, la colonie s’établissant sur Bennu pourrait être entièrement autonome, et pas seulement en énergie. En effet, l’électricité produite pourrait aussi servir à générer de l’oxygène à l’aide d’un système d’hydrolyse.

En allant plus loin dans la théorie des astrophysiciens, la possibilité que la production énergétique des colonies spatiales dépasse la demande sur place ne serait pas fantaisiste. Ainsi, les colonies pourraient à terme devenir rentables pour la Terre. Si les actuels projets intégrant ce type de colonies en sont encore au stade d’embryon, Adam Frank est persuadé que les premières constructions expérimentales pourraient voir le jour vers 2050. De plus, les avancées en robotique et en intelligence artificielle pourraient jouer un rôle prépondérant dans le succès de ces futures missions.