Pourrait-on cloner ce bison vieux de 8 000 ans ?

bison clonage
Crédits : Service de presse de l'Université fédérale du Nord-Est

En Russie, des chercheurs ont récemment disséqué la dépouille d’un bison momifié datant d’environ 8 000 ans. D’après l’équipe, les restes seraient si bien conservés que l’animal éteint pourrait être cloné. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec cette idée.

Il y a plusieurs semaines, un ours brun découvert en 2020 par des éleveurs de rennes dans le pergélisol sibérien avait fait l’objet d’une nécropsie, révélant de quoi ce prédateur était mort il y a environ 3 500 ans. Plus récemment, la même équipe a effectué une intervention similaire sur un bison éteint incroyablement bien conservé déterré également dans la région.

La carcasse momifiée, qui appartient à une espèce inconnue de bison éteinte, avait été découverte dans la localité de Khaastaakh, dans la région de Verkhoyansk, à l’été 2022. Des investigations préliminaires faites par des chercheurs du Mammoth Museum Laboratory de l’Université fédérale du Nord-Est (NEFU), à Yakoutsk, ont révélé que le bison était un juvénile qui avait entre un et deux ans lorsqu’il est mort. On ignore s’il s’agissait d’un mâle ou d’une femelle. On ne sait pas non plus quand ce jeune bison a vécu. Cependant, des spécimens similaires découverts en 2009 et 2010 dans la région dataient d’il y a entre 8 000 et 9 000 ans.

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Crédits : Service de presse de l’Université fédérale du Nord-Est
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Crédits : Service de presse de l’Université fédérale du Nord-Est

Ressusciter l’animal ?

Au cours de l’autopsie, les chercheurs ont prélevé des échantillons de fourrure, de peau, d’os, de muscles, de graisse et de cornes. Ils ont également extrait le cerveau de l’animal. Ces tissus seraient si bien conservés qu’ils pourraient être utilisés pour faire revivre l’espèce éteinte, selon les chercheurs. Cependant, Love Dalén, paléogénéticien de l’Université de Stockholm, n’est pas convaincu par la faisabilité d’une telle prouesse. Bien que les tissus soient exceptionnellement bien conservés, l’ADN qu’ils contiennent serait en effet probablement trop dégradé pour être cloné.

Plus précisément, pour rendre le clonage possible, il faudrait trouver des chromosomes intacts. Cependant, rappelons que même dans les meilleurs spécimens, chaque chromosome est fragmenté en millions de morceaux. « À mon avis, il est plus probable que vous puissiez lancer une pièce de monnaie et obtenir des milliers de fois la même face de suite que de trouver un chromosome intact à partir d’un spécimen aussi vieux« , résume ainsi le chercheur.

Malgré tout, il pourrait être possible de séquencer une partie du génome de ce bison. Celle-ci pourrait être combinée avec l’ADN d’autres spécimens de l’espèce éteinte ainsi que celui de bisons vivants pour éventuellement « ressusciter » l’animal. Ce serait toujours extrêmement difficile, mais la probabilité de succès serait plus élevée que le clonage direct du spécimen. Des projets de recherche similaires visent en effet par exemple à ressusciter le mammouth laineux ou le tigre de Tasmanie. Les partisans de cette technique y voient une opportunité de restaurer la biodiversité perdue, de rétablir des espèces clés dans les écosystèmes et de mieux comprendre l’évolution des espèces.