Ce système d’étoiles qui déconcerte les astronomes

Crédits : NASA / JPL - Caltech / T. Pyle

Un système d’étoiles a récemment enregistré 28 baisses de luminosité en 87 jours. Ces mesures indiqueraient normalement le passage de planètes en orbite. Or, le timing de ces creux semble totalement aléatoire. Mais alors, qu’est-ce que c’est ?

Les étoiles, collectivement appelées HD 139139, situées à 360 années-lumière de la Terre, ont été repérées par le télescope spatial Kepler il y a quelques mois. Juste avant que ce dernier ne parte en retraite. Le télescope scrutait alors une portion de ciel à la recherche de creux de luminosité, signes du passage d’une ou plusieurs exoplanètes devant leur étoile hôte (méthode du transit). Mais le système HD 139139 s’est très vite fait remarquer, avec 28 creux de luminosité enregistrés en 87 jours seulement. Si ces événements ressemblaient à ceux généralement constatés avec le passage de planètes (taille et forme similaires), leurs timings, en revanche, semblaient totalement aléatoires.

«C’est la première fois que nous tombons sur quelque chose qui ressemble à une planète en transit, mais qui n’a pas de périodicité apparente, explique en effet Hugh Osborn, du laboratoire d’astrophysique de Marseille en France et principal auteur de l’étude. Quelque chose de bizarre se passe».

Aucune explication cohérente

Techniquement, il est possible que ces 28 creux de luminosité totalement aléatoires dans leur timing aient été causés par les passages de planètes. Mais si tel était effectivement le cas, les chercheurs ont calculé qu’il en faudrait beaucoup, de planètes. Beaucoup plus que ce que nous avons l’habitude de voir dans d’autres coins de l’Univers. «Je pourrais construire pour vous un système de planètes qui expliquerait ces creux, mais ce serait vraiment artificiel, poursuit en effet Andrew Vanderburg, de l’Université du Texas à Austin. Cela ne me semble pas crédible».

D’autres explications ont été avancées, mais toutes ont été rapidement balayées. Comme la présence d’une éventuelle planète en pleine désintégration. Le problème reste ici le même. Qu’elle se désintègre ou non, nous devrions enregistrer une certaine périodicité dans les creux de luminosité. Or ce n’est pas le cas. Un disque d’astéroïdes de passage devant les étoiles ? Cela pourrait expliquer le manque de périodicité, mais il est peu probable qu’un nuage d’astéroïdes soit à l’origine de creux de luminosité de même taille et de la même densité.

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L’étoile de Tabby obscurcie par le passage de poussière interstellaire. Crédits : NASA/JPL-Caltech

L’hypothèse des taches solaires et des variations internes de la lumière stellaire ne fonctionnent pas non plus. Ces phénomènes, du moins concernant notre Soleil, durent en général de quelques jours à quelques semaines. Or ici, ils disparaissaient en quelques heures seulement. Quant à l’hypothèse de la méga-structure extraterrestre construire autour de ces étoiles, là encore, les astronomes n’y croient pas. «En astronomie, nous avons très souvent imaginé la présence d’extraterrestres lorsque nous ne comprenions pas un phénomène. Jusqu’à ce que nous trouvions finalement une explication crédible, poursuit le chercheur. Il y a de fortes chances pour que ce soit encore le cas ici».

Ce fut notamment le cas pour l’étoile de Tabby, qui affichait il y a quelques années des variations « inexplicables » de luminosité. L’hypothèse de la méga-structure extraterrestre avait alors été avancée, avant que les chercheurs ne concluent que ces creux de luminosité avaient été causés par de la poussière interstellaire. Toujours est-il que pour l’heure, cette explication ne tient pas pour HD 139139. En espérant que des observations futures pourront nous permettre de trouver le fin mot de l’histoire.

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