Cancer du côlon : un nouvel outil de diagnostic moins invasif découvert

ruban bleu cancer colorectal tumeur côlon
Crédits : Panuwat Dangsungnoen/iStock

Le cancer colorectal affecte le côlon (le gros intestin) ou le rectum. Il s’agit de l’un des types de cancer les plus répandus dans le monde. En France, on recense plus de 47 000 nouveaux cas par an et plus de 17 000 morts, s’imposant ainsi comme la deuxième cause de décès par cancer en France. Dans la grande majorité des cas, cela commence par une tumeur bénigne qui va ensuite évoluer lentement jusqu’à devenir cancéreuse. De bons outils de diagnostic sont donc essentiels pour identifier ces tumeurs et étudier leur évolution. À ce titre, une percée par l’Institut de recherche à Édimbourg et l’Université de Glasgow est porteuse d’espoir.

En effet, pour diagnostiquer le cancer du côlon en cas de symptômes évocateurs ou de dépistage, les médecins ont recours à la coloscopie et à la biopsie. Toutefois, il s’agit de procédures invasives qui ne sont pas sans risque (notamment en cas d’infection). De plus, cela ne donne qu’un aperçu incomplet de ce qui se passe dans le corps du patient. En ce mois de mars, consacré justement à la prévention et au dépistage du cancer colorectal, des chercheurs écossais dévoilent un nouvel outil de diagnostic et de suivi.

Une vue en trois dimensions pour surveiller le cancer colorectal

Pour cette étude publiée dans Clinical Cancer Research le 17 mars, l’Université de Glasgow a utilisé la tomographie par émission de positons (TEP), une technique d’imagerie médicale pratiquée par les spécialistes en médecine nucléaire utilisée pour détecter et visualiser les processus biologiques et physiologiques dans le corps humain en trois dimensions. Grâce aux émissions produites par les positons radioactifs injectés en intraveineuse au préalable, on peut ainsi notamment étudier l’activité métabolique ou moléculaire d’un organe. Ici, cette technologie a permis d’imager entièrement les entrailles de patients afin de les examiner et d’étudier les tumeurs sans recours à une chirurgie pour prélever de tissu tumoral dans le but de conduire des investigations plus poussées.

L’injection de ce que l’on appelle le ‘traceur’ réalisée lors de la tomographie permet en effet de visualiser précisément les zones d’un organe où les cellules semblent plus actives que la normale. Cela pourrait ainsi permettre aux patients de recevoir le meilleur traitement pour leur cancer. On parle alors de médecine de précision : un domaine médical en pleine expansion en oncologie où l’utilisation de nouvelles technologies permet d’identifier une stratégie thérapeutique qui conviendra à chaque profil de patient. Cette technique permettrait ainsi d’avoir une vision claire de l’arsenal thérapeutique possible et d’examiner la tumeur dans son ensemble.

Pour vérifier également l’évolution des tumeurs cancéreuses

Comme l’affirme le Dr David Lewis, le principal auteur de ces travaux : « la médecine de précision pourrait potentiellement révolutionner le diagnostic et le traitement du cancer. Toutefois, le développement de techniques de diagnostic précises, instructives et sans inconfort pour le patient est crucial pour son succès. La tomographie par émission de positons offre une alternative prometteuse. » De plus, cette méthode aurait un avantage supplémentaire. L’équipe écossaise pense en effet que cette technique pourrait également permettre de surveiller le développement et l’évolution des tumeurs. Il devient ainsi possible de suivre la progression du cancer et l’impact du traitement pendant toute sa durée, fonctionnant ainsi comme un dispositif de contrôle clair.

cellule cancéreuse cancer
Crédits : Vitanovski/iStock

Une technique pour identifier différents types de tumeurs

Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont pu se baser sur les informations génétiques jusqu’alors connues sur le cancer colorectal pour identifier les caractéristiques propres de chaque tumeur en employant la TEP. Ils ont par ailleurs découvert que l’utilisation de plusieurs traceurs au lieu d’un seul au cours de l’imagerie permettrait de faire la distinction entre différents types de cancers colorectaux chez les souris en se basant sur leurs gènes. Or, les patients peuvent développer des mutations variées de leur cancer et les mutations de gènes tels que le gène KRAS, APC ou encore TGFB affichent toutes une signature très différente qu’il est possible de reconnaître à l’imagerie.

Les chercheurs pensent donc que l’identification du type de cancer en se basant visuellement avec cette technique sur la signature des mutations en question laisse entrevoir la possibilité de mettre au point une approche thérapeutique plus personnalisée et rapide en fonction des besoins de chaque patient et de leur cancer, avec à la clé un meilleur pronostic de survie et de rémission.

Une autre avancée face au cancer colorectal à Marseille

Dans un communiqué du 14 mars, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) évoque une avancée significative dans le domaine du dépistage et dans l’utilisation des nouvelles technologies en gastroentérologie pour plus de précision et d’efficacité. Comme l’explique le document : « la coloscopie aidée par de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, permet de signaler la présence de polypes, de dépister des lésions que le gastroentérologue n’aurait pas vues. Et fait nouveau, elle permet de caractériser les polypes en différenciant les polypes inflammatoires (dont le risque de dégénérescence est nul) des polypes adénomateux (dont le risque de dégénérescence est de l’ordre de 30 %). »

Cette assistance virtuelle peut ainsi offrir un deuxième regard vigilant pour aider les gastroentérologues à détecter des polypes qui pourraient autrement passer complètement inaperçus lors d’une coloscopie. Cette amélioration de cet examen (réalisé à l’endoscope au sein du rectum, du gros intestin et de l’extrémité finale de l’intestin grêle) pourrait ainsi optimiser la prévention du cancer colorectal.