Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a lancé sa société de fusée privée Blue Origin il y a plus de vingt ans. À la traîne derrière SpaceX, les choses sérieuses ne font peut-être que commencer.
Jeff Bezos a récemment annoncé qu’il quitterait ses fonctions de Directeur général d’Amazon cet été pour devenir son président exécutif. Dans une lettre adressée aux employés, il a souligné son intention de consacrer davantage de son temps et de son énergie à d’autres passions, évoquant notamment l’une de ses autres entreprises : Blue Origin, spécialisée dans l’aérospatial.
Cela signifie-t-il que M. Bezos assumera un rôle plus important au quotidien dans sa compagnie de fusées ? « Si Jeff choisissait de passer plus de temps chez Blue Origin au cours de la prochaine phase de sa carrière, ce serait une très bonne chose« , estime Rob Meyerson, président de la société de 2003 à 2017. « Il apporte une grande intelligence, une grande expertise opérationnelle et une grande passion de mission pour l’entreprise« .
Des débuts très timides pour Blue Origin
M. Bezos a fondé Blue Origin en 2000, soit deux ans avant la création de SpaceX par Elon Musk. À ses débuts, la société communiquait très peu. Puis, au fil des ans, Blue Origin est devenue moins secrète et a commencé à grandir, proposant plusieurs projets ambitieux.
Les années à venir de la société apparaissent même très chargées. Il est en effet question de proposer bientôt de courtes escapades suborbitales à de riches touristes à bord d’une capsule : la New Shepard. La future fusée New Glenn de la société rejoindra également la flotte de lanceurs commerciaux de la NASA pour opérer des vols dès le milieu des années 2021. Enfin, Blue Origin est toujours en lice pour le développement d’un atterrisseur lunaire visant à ramener des humains sur la Lune dès 2024, dans le cadre du programme Artemis.
Malgré tout, alors qu’Elon Musk a déjà bâti une entreprise florissante, principalement grâce à son cheval de bataille, la Falcon 9, Blue Origin semble être à la traîne. La société n’a encore emmené personne dans l’espace et son lanceur New Glenn, qui doit concurrencer la Falcon 9 de SpaceX, n’a pas encore décollé une seule fois.
Toutefois, si la société est à la traîne derrière SpaceX, cela ne signifie pas nécessairement qu’elle est loin derrière.
Le lièvre et la tortue
Lors de sa tournée avec des journalistes effectuée en 2016, M. Bezos leur avait pointé du doigt une image plaquée sur l’un des murs du siège social de la société. Sur cette image se dessinent deux tortues tenant un sablier et regardant vers le cosmos. Et dessous se trouvait la devise de Blue Origin : Gradatim ferociter qui signifie « pas à pas, férocement » en latin.
Ainsi, l’entreprise entend devenir la tortue de la fameuse fable de La Fontaine où la lenteur et la stabilité l’emportent sur la rapidité du lièvre.
Il n’est donc plus question pour Bezos de ne passer qu’une journée par semaine chez Blue Origin comme en 2016, laissant le soin à ses ingénieurs de parler aux journalistes des aspects techniques de ses vaisseaux, ce qui tranchait avec Elon Musk, profondément impliqué dans les détails d’ingénierie chez SpaceX. Blue Origin doit aujourd’hui passer de la « recherche et du développement » à la « recherche de revenus et de profits ».
Ainsi, le moment est peut-être idéal pour Jeff Bezos, un puissant homme d’affaires qui sait gagner de l’argent, de s’impliquer davantage dans la société.