Deux orques tueuses en série sévissent au large de l’Afrique du sud

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Crédits : Lucyna/pixabay

Depuis 2017, un couple d’orques mâles a tué au moins huit grands requins blancs près de la côte de Gansbaai, au large de l’Afrique du Sud. La situation est telle que de nombreux grands blancs s’éloignent désormais de leur propre territoire, parfois pendant plusieurs mois.

Les orques (Orcinus orca) sont connues pour s’attaquer à de nombreuses proies, dont les phoques et les jeunes baleines à bosse. Depuis peu, nous savons également que ces prédatrices peuvent également s’attaquer aux gigantesques baleines bleues. En revanche, aussi féroces soient-elles, les orques s’attaquent rarement aux grands requins blancs (Carcharodon carcharias). Cependant, il arrive parfois que ces poissons figurent au menu malgré tout. C’est notamment le cas en Afrique du Sud, dont les eaux regorgent de requins. Habituellement, ces attaques ne sont que sporadiques. Depuis plusieurs années, les chercheurs assistent en revanche à un véritable massacre.

Deux orques sèment la terreur

Près de la côte de Gansbaai, à environ 120 km à l’est du Cap, deux orques mâles ont investi les lieux en 2015. Chez l’un, la nageoire dorsale tombe à gauche. Chez l’autre, elle tombe à droite. Très vite, les observateurs de requins de la région ont baptisé les deux individus bâbord et tribord.

Peu après leur arrivée, les chercheurs ont retrouvé une première carcasse de grand blanc sur la plage, le foie arraché. Les orques s’attaquent en effet au foie, car c’est un organe très riche en nutriments. Puis, en 2016 et 2017, cinq autres requins blancs ont été retrouvés morts, dont quatre avaient aussi le foie arraché. La mort de chaque requin correspondait à des observations de bâbord et de tribord dans la région. Au final, les chercheurs ont compté huit victimes depuis 2015, mais d’autres carcasses de requins non découvertes ont probablement été perdues dans la mer.

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Un grand requin blanc échoué sur la côte de Gansbaai. Crédits : Hennie Otto

Les requins quittent la zone

En utilisant une combinaison d’observations à long terme et de données de marquage, les chercheurs ont également découvert que des dizaines de requins évitaient activement la côte de Gansbaai lorsque les orques se trouvaient à proximité. Au cours des six mois qui ont suivi la mort du premier requin, les observations quotidiennes de requins à Gansbaai ont en effet chuté de plus de six observations à une seule par jour.

Les requins marqués désertaient aussi la zone. Avant les attaques, les chercheurs détectaient entre trois et huit de ces animaux quotidiennement dans la région. Depuis, il arrive que plus aucun de ces requins n’émette de signal pendant plusieurs mois. Dans certains cas, des requins sont restés à l’écart pendant plus de six mois avant de revenir.

Dans l’African Journal of Marine Science, les chercheurs affirment que les violentes frasques de deux baleines individuelles avaient rarement eu un impact aussi clair et immédiat sur leur habitat. Des observations similaires avaient été faites il y a quelques années en Californie, dans la baie de Monterey.

« Ce à quoi nous semblons assister est cependant une stratégie d’évitement à grande échelle. Nous observons la même chose avec les chiens sauvages dans le Serengeti en réponse à une présence accrue de lions« , détaille Alison Towner, de la Dyer Island Conservation Trust. « Plus les orques fréquentent ces sites, plus les grands requins blancs s’en éloignent« . Et en l’absence des grands blancs, un nouveau prédateur de niveau intermédiaire a pris ses quartiers dans la région : le requin cuivre (Carcharhinus brachyuru).

Comment expliquer l’acharnement de ces deux orques mâles ? Comme dit plus haut, ces animaux ne s’attaquent généralement pas aux grands requins blancs. Cependant, les scientifiques ont observé une rare sous-espèce d’épaulard à dents plates en Afrique du Sud qui semble se spécialiser dans la chasse aux requins. Il est possible que bâbord et tribord appartiennent finalement à ce groupe.