Voyant rouge : que s’est-il passé avec le vol de Virgin Galactic ?

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Crédits : Virgin galactic

Selon un rapport du New Yorker, le premier vol touristique opéré par la société Virgin Galactic, à bord duquel figurait le fondateur de la société Richard Branson, aurait pu très mal tourner. Que sait-on exactement de cet incident ?

Virgin Galactic opérait sa première mission officielle avec équipage le 11 juillet dernier. À bord de l’avion suborbital VSS Unity, largué en haute altitude par son avion porteur, l’équipage a pu expérimenter quatre minutes d’apesanteur avant de redescendre sur Terre. Si la mission a bel et bien été présentée comme un véritable succès, il semblerait que tout ne se soit finalement pas passé comme prévu.

Trajectoire déviée

Lors du vol, vers la fin de la séquence de combustion du moteur du VSS Unity, une lumière jaune serait en effet apparue sur une console. Ce voyant indiquait aux pilotes vétérans de la société, Dave Mackay et Mike Masucci, que l’appareil commençait à dévier de sa trajectoire. Quelques secondes plus tard, un autre voyant d’avertissement, rouge cette fois, est apparu sur la console.

Les deux pilotes ont alors dû prendre une décision en une fraction de seconde : éteindre le moteur-fusée et rentrer sur Terre dans le cadre d’un atterrissage d’urgence périlleux ou prendre des mesures immédiates pour résoudre leur problème de trajectoire.

Cette scène est décrite dans un nouveau rapport signé Nicholas Schmidle, dans The New Yorker. Dans le cadre de l’écriture de son livre intitulé Test Gods, le journaliste avait profité d’un accès privilégié à Virgin Galactic, et notamment à ce projet d’envol pour l’espace.

Dans son ouvrage, il explique avoir assisté à une réunion en 2015 au cours de laquelle les pilotes de la mission du 11 juillet et d’autres discutaient des procédures à suivre en cas d’avertissement par ces fameux voyants. CJ Sturckow, un ancien astronaute de la NASA, aurait alors déclaré aux pilotes qu’une lumière jaune devrait « vous faire peur » parce qu’une lumière rouge indiquerait qu’il serait « déjà trop tard« .

Pendant le vol du VSS Unity, les pilotes ont donc choisi de continuer malgré cet avertissement. Plutôt que de couper le moteur, les deux pilotes auraient ainsi tenté de remettre le véhicule sur une trajectoire ascendante sûre afin qu’il soit en mesure de revenir en toute sécurité sur Terre ensuite, ce qu’ils ont fait au risque de mettre la vie des membres d’équipage potentiellement en danger.

En attendant, le VSS Unity aurait volé en dehors de son espace aérien désigné pendant 1 minute 41 secondes, soit pendant plus de 10% de son temps de vol après avoir été largué de son avion-porteur. La Federal Aviation Administration (FAA) mène actuellement une enquête sur l’incident.

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Le vaisseau VSS Unity photographié le 11 juillet 2021. Crédits : Virgin Galactic

Virgin Galactic conteste

Voici donc ce que nous apprend, dans les grandes lignes, cette histoire publiée dans The New Yorker. Suite à sa publication, Virgin Galactic a néanmoins publié la déclaration suivante : « Nous contestons les caractérisations et conclusions trompeuses de l’article. […] La sécurité de notre équipage et de nos passagers est la priorité absolue de Virgin Galactic« .

« Unity 22 a été un vol d’essai sûr et réussi qui a respecté nos procédures de vol et nos protocoles de formation« , poursuit la déclaration. « Lorsque le véhicule a rencontré des vents à haute altitude qui ont modifié la trajectoire, les pilotes ont surveillé la trajectoire pour s’assurer qu’elle restait dans les paramètres de la mission. Nos pilotes ont réagi de manière appropriée à ces conditions de vol changeantes. […] Bien que la trajectoire ultime du vol ait dévié de notre plan initial, il s’agissait d’une trajectoire de vol contrôlée et intentionnelle qui a permis à Unity 22 d’atteindre l’espace et d’atterrir en toute sécurité dans notre port spatial au Nouveau-Mexique. À aucun moment les passagers et l’équipage n’ont été mis en danger du fait de ce changement de trajectoire« .

Et de finir par : « Alors que nous nous dirigeons vers un service commercial, nous sommes convaincus que nous avons mis en place la culture, les politiques et les processus de sécurité appropriés pour bâtir et exploiter une entreprise sûre et prospère à long terme« .

Rappelons que ce n’est pas la première fois qu’une mission Virgin Galactic rencontre des difficultés techniques potentiellement dangereuses. Un pilote en a d’ailleurs payé le prix fort en 2014 lors d’un précédent vol d’essai. Au cours d’un autre vol d’essai en juillet 2018, les pilotes Mackay et Masucci avaient également perdu le contrôle de leur appareil alors qu’ils survolaient la mésosphère terrestre. Ainsi que le rappelle le New Yorker, ils ont toutefois réussi à reprendre le contrôle et atterrir en toute sécurité.

Mark Stucky, un autre pilote de Virgin Galactic, a également récemment été licencié par la société après avoir fait part de ses préoccupations concernant les pratiques de sécurité de l’entreprise dans un livre publié en mai par Nicholas Schmidle.