Les abeilles déclenchent des « cris d’alarme » dès l’arrivée des frelons

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Crédits : Wellesley College

Selon une nouvelle étude, les abeilles asiatiques produisent un son d’alarme unique pour alerter les membres de la ruche d’une attaque de frelons. Des chercheurs du Wellesley College ont récemment documenté ces appels en vidéo.

Il existe plus d’une vingtaine d’espèces de frelons dans le monde, mais le frelon géant asiatique (Vespa mandarinia), originaire d’Asie du Sud-Est et de certaines parties de l’Extrême-Orient russe, est sans doute l’une des plus redoutables. Munis de leurs énormes mandibules, ils n’hésitent pas à arracher la tête des pauvres abeilles pour atteindre le thorax et se nourrir des muscles permettant le battement des ailes. Leurs attaques sont redoutables. Une poignée de frelons peut en effet anéantir 30 000 abeilles en 90 minutes.

Si de nombreuses espèces sont largement démunies face à ces attaques, les abeilles asiatiques (Apis cerana) ne restent quant à elles pas les pattes croisées.

Plusieurs techniques de défense

Heather Mattila, du Wellesley College, qui étudie les abeilles depuis 25 ans, a porté son attention sur les abeilles asiatiques en 2013. L’année dernière, avec son équipe, elle avait déjà documenté le premier exemple d’utilisation « d’outils » par des abeilles au Vietnam. On avait en effet découvert que les abeilles asiatiques butinaient des excréments d’animaux pour tapisser ensuite l’entrée de leurs ruches. D’après les chercheurs, les habitats proposant ce type de « rempart fécal » étaient alors beaucoup moins attaqués que les autres.

Dans leur étude, les chercheurs avaient également évoqué des rapports anecdotiques similaires recueillis au Bhoutan, au sud-est de la Chine, au Népal et en Thaïlande.

Nous savons également que les abeilles asiatiques sont très rapides. Elles peuvent se rassembler en groupe et « bomber le torse » en menaçant les frelons avec leurs abdomens. À l’occasion, elles peuvent en tuer quelques-uns en se rassemblant autour pour les amener à suffoquer.

Dans le cadre d’une nouvelle étude, Heather Mattila et son équipe rapporte un énième technique de défense.

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Les abeilles mellifères appliquent des excréments d’animaux à l’entrée de leurs ruches pour repousser les attaques des frelons géants. Crédits : Heather Mattila / Wellesley College

Des cris d’alarme

Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont remarqué que les niveaux de bruit dans les ruches augmentaient considérablement chaque fois que les frelons géants s’approchaient. « Nous pouvions entendre les sons des abeilles à plusieurs mètres de distance« , explique-t-elle. « Nous avons donc commencé à installer des microphones dans les colonies afin de pouvoir les écouter« . Les chercheurs ont également réalisé de nombreux enregistrements vidéo des activités dans les ruchers des apiculteurs locaux.

Au final, les chercheurs ont collecté plus de 30 000 signaux émis par les abeilles pendant 1 300 minutes. Les abeilles produisent une gamme étonnamment complexe de sons. Parmi eux figurent les « signaux d’arrêt » produits lorsqu’une ouvrière fait vibrer ses ailes ou son thorax, généralement en réponse à des attaques de prédateurs.

Ici, bien qu’ils soient également produits par la vibration des ailes ou du thorax, les sons nouvellement découverts se sont distingués en étant plus « durs » et plus irréguliers avec des fréquences évoluant brusquement.

Les colonies analysées dans l’étude ayant été attaquées par des frelons géants étaient en effet beaucoup plus « bruyantes et frénétiques » comparées au calme et à la tranquillité relatifs des colonies témoins.

Écoutez les sons de ces abeilles lorsqu’elles sont attaquées par des frelons géants :

« Ces sons partagent des caractéristiques communes avec de nombreux signaux d’alarme de mammifères. Ces derniers sont immédiatement reconnaissables, communiquant un danger pour les espèces concernées« , note Heather Mattila, soulignant que ces « cris » lui ont donné des frissons lorsqu’elle les a entendus pour la première fois. « Cela ressemble à une expérience universelle« .

En plus de ces signaux, les abeilles auraient également exposé une glande productrice de phéromones, suggérant qu’elles peuvent utiliser plusieurs stratégies de communication pour attirer l’attention de leurs compagnons. Un futur objectif de recherche sera d’étudier le rôle précis que cette glande dans l’organisation de la réponse des abeilles aux attaques de frelons.