Vers des Pyrénées dépourvues de glaciers d’ici le milieu du siècle

Les Pyrénées vues du ciel. Crédits : Pixabay

Selon toute vraisemblance, les Pyrénées seront devenues une chaîne de montagnes dépourvue de glaciers d’ici deux à trois décennies. C’est en tout cas ce qu’indique une nouvelle étude axée sur le recul des glaces dans la région. Les résultats sont publiés dans la revue Geophysical Research Letters le 29 août dernier.

Depuis le début de l’ère industrielle, la température moyenne a augmenté d’environ 1,5 °C dans les Pyrénées. Et cette évolution a des conséquences très concrètes sur les glaciers de la région. Selon une évaluation récente, la superficie couverte par ces derniers a chuté de 23 % entre 2011 et 2020. En outre, leur épaisseur moyenne a diminué de 6 mètres sur la même période.

Les auteurs notent par ailleurs qu’aucun ralentissement de la fonte n’est constaté par rapport aux décennies précédentes. La perte de masse se poursuit à un rythme continu qui mènerait à une disparition totale des glaciers d’ici une vingtaine d’années seulement. On rappelle à cet égard que depuis 2011, trois d’entre eux ont d’ores et déjà disparu. Au niveau des glaciers qui fondent actuellement le plus vite, la perte d’épaisseur s’élève parfois jusqu’à 20 mètres sur la période d’étude.

« Ce que nous voyons ici est un avertissement préalable de ce qui peut arriver dans d’autres montagnes, comme dans les Alpes », précise Jesús Revuelto, un des coauteurs du papier. « Leurs glaciers ont beaucoup plus de masse et d’entités, mais nous leur montrons la voie ».

Pyrénées
Crédits : Pixabay License.

Disparition des glaciers : une influence forte sur la ressource en eau

La disparition des plus grands glaciers d’Europe du sud, que plus rien ne semble pouvoir empêcher, ne sera pas seulement tragique pour le paysage pyrénéen et le tourisme qu’il nourrit. Elle aura également des conséquences fortes sur la biodiversité et l’approvisionnement en eau.

En effet, un glacier stocke l’eau sous forme de neige et de glace en hiver et la libère au printemps et en été, à une période où elle profite à la nature comme aux Hommes. S’ils disparaissent, l’eau s’écoule directement dans les rivières en hiver, à une période où elle est déjà abondante, et moins en été quand la demande est la plus importante.

Enfin, rappelons que de manière plus générale, le bassin méditerranéen est identifié comme un point névralgique dans le contexte du changement climatique. En effet, l’environnement déjà chaud et sec le devient encore plus, avec un risque croissant de canicules et de sécheresses majeures.

Or, divers États riverains de la Méditerranée dépendent fortement des activités liées à l’agriculture régionale. Ajouté à la perte de biodiversité et aux incendies, le manque d’eau menace ainsi la sécurité alimentaire, voire la stabilité politique, de certains pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.