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Le recul des glaciers du monde s’accélère dangereusement, révèle une étude

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Crédits :slowmotiongli / iStock

Grâce à l’analyse de vingt années d’archives satellitaires encore inexploitées, une équipe internationale de chercheurs a pu évaluer la perte de masse des glaciers de montagne avec une précision sans précédent. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Nature le 28 avril dernier.

L’observation globale et continue de notre planète par les satellites permet un suivi sans précédent des changements qui affectent notre environnement, en particulier en période de réchauffement climatique. Ces innombrables données, accumulées au fil des années, offrent entre autres une vue précieuse de l’évolution des glaciers du monde entier.

Une altération mondiale et croissante des glaciers

Dans une nouvelle étude, des chercheurs rapportent que la fonte de ces derniers continue d’accélérer. En effet, les quelque 220 000 glaciers de montagne ont perdu près de 300 milliards de tonnes de glace par an entre 2015 et 2019. Un rythme de fonte supérieur de 71 milliards à celui de la période 2000-2004, capable de couvrir notre pays d’un mètre d’eau chaque année. Dans l’ensemble, sur la période 2000-2019, la perte moyenne est estimée à 267 milliards de tonnes par an, avec une accélération évaluée à 48 milliards de tonnes par an chaque décennie. En somme, la perte de masse est désormais 31 % plus élevée qu’elle ne l’était il y a 15 ans seulement.

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Détails des changements de masse région par région (bulles). La perte globale figure à gauche. La barre horizontale rapporte la variation d’élévation des glaciers. On rappelle que le Groenland et l’Antarctique ne sont pas pris en compte dans l’étude. Crédits : Hugonnet et al. & al. 2021.

Ainsi qu’en témoignent ces chiffres, le recul des glaciers de montagne est un important contributeur au relèvement du niveau des mers. Les auteurs montrent qu’il participe pour environ 21 % à la hausse observée depuis 2000, et entre 6 % et 19 % à son accélération. Cependant, les diverses régions du monde ne contribuent pas de façon égale à augmenter le niveau de l’océan. Comme le détaille le papier, la moitié des pertes proviennent d’Amérique du nord. En outre, certains glaciers ont même pu rester stables. Mais il s’agit là de cas très particuliers, loin d’être représentatifs d’une tendance mondiale caractérisée par un recul très rapide.

Une quantification toujours plus précise grâce aux satellites

Les résultats ont été obtenus suite à l’étude de vingt années d’images satellitaires jusqu’à présent inexploitées. En recoupant cet ensemble de données avec des mesures indépendantes afin d’en valider la pertinence, ils ont pu évaluer comment les altitudes des surfaces glaciaires se sont modifiées, et ce dans les trois dimensions d’espace. Autrement dit, de quantifier de façon précise la perte de glace associée. Incidemment, les glaciers de montagne perdent actuellement plus de masse que le Groenland ou l’Antarctique pris isolément. Ceci, alors qu’ils ne couvrent que 700 000 km² – une surface proche de celle de la Turquie.

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Crédits : Needpix.

« Nous prévoyons que nos estimations (…) permettront de mieux comprendre les facteurs qui régissent la distribution des changements glaciaires et d’étendre nos capacités à les prévoir à toutes les échelles » indique le papier dans son résumé. « Des prévisions rigoureusement comparées aux observations sont indispensables pour concevoir des politiques adaptatives pour la gestion des ressources en eau et des risques cryosphériques à l’échelle locale et régionale, ainsi que pour l’atténuation de l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale ».

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