Une mystérieuse baleine à bec s’échoue sur une plage californienne

baleine à bec
Crédits : Centre Noyo pour les sciences marines

La dépouille d’un type de baleine à bec s’est récemment échouée sur une plage de Californie. Elle était recouverte d’éraflures. Toutefois, les experts ignorent encore ce qui a causé ces blessures, comment la baleine est morte et à quelle espèce elle appartient.

Un échouage très rare

La baleine mesurait environ 4,9 mètres de long. Ses restes ont été retrouvés le 15 mai dernier sur une plage de la réserve naturelle d’État de Jug Handle près de Fort Bragg (Californie). Une équipe du Noyo Center for Marine Science, en collaboration avec des chercheurs de l’Académie des sciences de Californie (CAS) de San Francisco, a récupéré le corps et prélevé des échantillons de graisse, d’organes et de crâne. Ces matériaux seront envoyés à la National Marine Mammal Tissue Bank à Charleston, en Caroline du Sud, pour analyse.

On sait peu de choses sur ces mystérieuses baleines de la famille des Ziphiidae. Et pour cause, ces animaux marins sont connus pour leurs plongées très profondes. Certains spécimens peuvent en effet chasser à plus de 3 000 mètres sous la surface de l’océan, où elles se cachent également des orques. C’est pourquoi il est si difficile de les étudier. À ce jour, on dénombre deux douzaines d’espèces, mais il pourrait y en avoir d’autres. C’est donc ce qui rend cet échouage « vraiment important », en dépit de la tristesse de l’événement.

Concernant l’espèce, les spécialistes ont quelques idées. Il pourrait s’agit d’une baleine à bec de Hubbs (Mesoplodon carlhubbsi) ou une baleine à bec de Stejneger (Mesoplodon stejnegeri), selon Moe Flannery, responsable des collections d’oiseaux et de mammifères marins au CAS. D’autres, comme le biologiste Sascha Hooker, de l’Université de St. Andrews (Écosse), penchent pour une baleine à bec à dents de ginkgo (Mesoplodon ginkgodens) ou un spécimen pygmée (Mesoplodon peruvianus). Le séquençage de l’ADN des échantillons de tissus aidera à déterminer l’espèce exacte.

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L’équipe de récupération examine le corps. Crédits : Centre Noyo pour les sciences marines

Un corps très marqué

L’animal présentait également des blessures inhabituelles, notamment au niveau de la mâchoire. Les biologistes n’ont pas encore déterminé leur origine, mais ils soupçonnent une collision avec un navire. Des éraflures, connues sous le nom de marques de râteau, sont également visibles sur le reste du corps.

La plupart des baleines à bec sont édentées à l’exception d’une seule grande paire de dents en forme de défense dans leur mâchoire inférieure. Ces dents sont généralement réservées aux mâles qui les utilisent pour se frotter aux rivaux reproducteurs. Il est donc possible que ces marques aient été infligées lors de duels passés. Cependant, on ignore encore s’il s’agissait d’un mâle ou d’une femelle.

La colonne vertébrale de l’animal était également très visible, suggérant de possibles difficultés à s’alimenter, peut-être à cause de l’ingestion de plastique. L’analyse du contenu de son estomac déterminera si cela a joué un rôle dans sa mort.

Enfin, les chercheurs ont relevé la présence d’un pou de baleine sur la peau du cétacé. Ces petites crevettes parasites s’attachent souvent aux mammifères marins, parfois pendant toute une vie, où elles filtrent les microbes pour se nourrir. Parfois, l’analyse de ces poux peut permettre de suivre les schémas de migration des baleines. Il serait donc intéressant de savoir si celui-ci a conservé une trace des voyages de son hôte.