Un cancer malin diagnostiqué chez un dinosaure pour la première fois

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Crédits : Danielle Dufault

Une collaboration entre chercheurs du Musée royal de l’Ontario (ROM) et de l’Université McMaster a mené au diagnostic d’un cancer malin chez un dinosaure. C’est une première !

L’animal en question est un Centrosaurus apertus, un dinosaure à cornes qui vécut durant le Crétacé, il y a 76 à 77 millions d’années. Découvert en 1989 en Alberta (Canada), son péroné (os de la jambe) dénotait par l’une de ses extrémités visiblement déformée. Au départ, les paléontologues ont établi qu’elle témoignait d’une ancienne fracture en voie de guérison. Une ré-analyse de l’ossement faites grâce à des techniques modernes a finalement permis d’établir un autre diagnostic.

Un cancer agressif

Dans le cadre de ces travaux, publiés dans The Lancet Oncology, les chercheurs ont dans un premier temps sectionné l’os fossile en coupes fines, dans le but de l’examiner au niveau cellulaire. De puissants outils de reconstruction par tomodensitométrie ont ensuite permis d’isoler la présence d’une ancienne tumeur en progression : un ostéosarcome.

Les chercheurs ont ensuite comparé le fossile au péroné d’un dinosaure de la même espèce en bonne santé. Puis, ils ont fait de même avec un péroné humain atteint d’un ostéosarcome. Ce faisant, ils ont ainsi pu confirmer le diagnostic.

« Le diagnostic d’un cancer agressif comme celui-ci chez les dinosaures est difficile à établir et nécessite une expertise médicale et de multiples niveaux d’analyse pour être correctement identifié« , explique Mark Crowther, professeur de pathologie et de médecine moléculaire à l’Université McMaster. « Ici, nous montrons la signature incontestable du cancer des os avancé chez un dinosaure à cornes vieux de 76 millions d’années, le premier du genre. C’est très excitant ».

Notez qu’aucun cancer malin n’avait jamais été documenté chez les dinosaures auparavant. L’année dernière, des chercheurs allemands ont identifié la présence d’une autre tumeur maligne plus ancienne encore, vieille de 240 millions d’années. À cette époque, les premiers dinosaures et mammifères commençaient seulement à s’étendre sur la planète. En revanche, celle-ci avait été isolée sur le fémur fossilisé d’une tortue primitive.

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Comparaison entre des sections minces du tibia cancéreux (à gauche) et du tibia normal du dinosaure à cornes Centrosaurus apertus. Crédits : Musée royal de l’Ontario / Université McMaster.

La protection du troupeau

Étonnamment, ce n’est visiblement pas ce cancer qui a tué ce dinosaure. Ces ossements ont en effet été retrouvés parmi de nombreux autres fossiles de la même espèce. Et d’après les chercheurs, tous ces animaux seraient morts au même moment, probablement victimes d’une inondation soudaine.

Toutefois, le fait de vivre entouré des siens est sans doute ce qui lui a permis de vivre aussi longtemps.

« Le tibia présente un cancer agressif à un stade avancé. Le cancer aurait eu des effets paralysants sur l’individu et le rendait très vulnérable aux redoutables prédateurs de l’époque« , explique le Dr David Evans, coauteur de l’étude. « Le fait que ce dinosaure herbivore ait vécu dans un grand troupeau protecteur lui a peut-être permis de survivre plus longtemps qu’il ne le ferait normalement avec une maladie aussi dévastatrice« .

Au-delà du simple diagnostic, le fait d’établir des liens entre les maladies humaines et celles du passé pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre leur évolution. Cette étude montre également l’importance de réexaminer les ossements présents dans les collections des musées avec des techniques modernes.