Un trou d’ozone plus grand que l’Amérique du Nord s’ouvre au-dessus de l’Antarctique

couche d'ozone Antarctique
Crédits : Korovin/istock

Selon les données satellitaires, le trou de cette année dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique est l’un des plus grands jamais observés. Les experts pensent que l’énorme lacune dans le bouclier protecteur de la Terre pourrait avoir été causée par l’éruption du volcan sous-marin des Tonga au début de 2022.

Qu’est-ce que la couche d’ozone ?

La couche d’ozone est une partie cruciale de l’atmosphère terrestre qui joue un rôle essentiel dans la protection de la vie sur Terre contre les rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil. Elle se forme naturellement grâce à la réaction chimique entre les molécules d’oxygène (O2) et les rayons UV du soleil dans la stratosphère. Cette réaction crée des molécules d’ozone (O3) qui absorbent et dissipent l’énergie des rayons UV, ce qui empêche une grande partie d’atteindre la surface de la Terre.

Par ailleurs, les chlorofluorocarbones (CFC) étaient autrefois largement utilisés dans de nombreux produits. Toutefois, en 1985, des chercheurs ont découvert que ces substances chimiques se décomposaient dans la stratosphère après avoir été libérées dans l’atmosphère, libérant du chlore qui détruisait les molécules d’ozone. Cela a conduit à la formation de plusieurs « trous », en particulier au-dessus des régions polaires.

En 1987, la communauté internationale avait finalement signé le Protocole de Montréal, un accord visant à éliminer progressivement l’utilisation des CFC et d’autres substances appauvrissant la couche d’ozone. Grâce à cet accord, les niveaux de CFC dans l’atmosphère ont commencé à diminuer, permettant à cette couche protectrice de se rétablir lentement.

Un énorme trou au-dessus du pôle sud

Cependant, malgré l’interdiction des CFC, des trous saisonniers dans la couche d’ozone continuent de se former naturellement au-dessus des régions polaires pendant les mois d’hiver. Cela est dû à des conditions spécifiques de température et d’humidité qui favorisent la formation de nuages stratosphériques polaires. Ces derniers fournissent une surface sur laquelle des réactions chimiques peuvent avoir lieu, contribuant ainsi à la destruction de l’ozone. Cependant, ces trous sont généralement temporaires et se résorbent au printemps.

Le trou d’ozone de cette année au-dessus de l’Antarctique aurait atteint sa taille maximale le 16 septembre. Selon l’Agence spatiale européenne (ESA), il mesurait alors pas moins de 26 millions de kilomètres carrés, ce qui représente à peu près la même superficie que l’Amérique du Nord ou encore de la Russie et de la Chine réunies ou deux fois la taille de l’Antarctique lui-même.

« Le trou dans la couche d’ozone en 2023 a commencé tôt et s’est rapidement développé depuis la mi-août« , a déclaré Antje Inness, chercheuse au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme. C’est « l’un des plus grands trous d’ozone jamais enregistrés« , a-t-elle ajouté.

couche d'ozone Antarctique
Une simulation de l’ouverture du trou dans la couche d’ozone de cette année au-dessus de l’Antarctique, basée sur les données collectées par le satellite Copernicus Sentinel-5P de l’Agence spatiale européenne. Crédits : données ESA/Copernicus Sentinel (2023)/traitées par CAMS/ECMWF)

Un lien avec l’éruption du volcan Hunga Tonga

Selon les chercheurs, les dimensions spectaculaire de ce trou d’ozone pourrait avoir été favorisées par l’éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha’apai qui avait explosé avec la force de plus de 100 bombes d’Hiroshima en 2022.

Quelques semaines après cet événement, des scientifiques avaient d’ailleurs averti qu’une telle éruption pourrait déstabiliser la couche d’ozone, dans la mesure où plus de 50 millions de tonnes d’eau avaient été rejetées dans la haute atmosphère (augmentation de 10 % de la quantité d’eau atmosphérique). Une telle quantité de vapeur d’eau pouvait en effet déstabiliser davantage la couche d’ozone après s’être décomposée en ions, ou molécules chargées, qui réagissent avec l’ozone de la même manière que les CFC. Visiblement, ces prédictions se sont bel et bien réalisées.

Enfin, notez que si le trou actuel dans la couche d’ozone est l’un des plus grands jamais observés, la zone concernée est en grande partie inhabitée et la brèche devrait se refermer complètement d’ici quelques mois. En outre, les chercheurs prédisent que si les niveaux de CFC restent faibles, la couche d’ozone devrait être complètement guérie d’ici 2050.