Vous vous sentez vieux ? C’est peut-être la faute aux dinosaures

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Crédits : Warpaintcobra/istock

Un article publié récemment explore une hypothèse intrigante selon laquelle le processus de vieillissement rapide observé chez de nombreux mammifères, dont les humains, pourrait résulter d’une stratégie évolutive développée pendant l’ère des dinosaures.

L’hypothèse du « goulot d’étranglement de la longévité »

Le processus de vieillissement, qui conduit à une perte de fonction, à la dégénérescence et finalement à la mort, intrigue les scientifiques depuis longtemps. Une explication possible à cela est la diminution de la force de la sélection naturelle avec l’âge. Les jeunes animaux contribuent davantage à la prochaine génération, incitant ainsi la sélection à favoriser les gènes qui confèrent une meilleure survie et une capacité de reproduction à un jeune âge plutôt qu’à un âge avancé.

Différentes espèces vivant dans des environnements variés avec des taux de mortalité différents développent des stratégies de cycle de vie distinctes. Les mammifères, y compris les humains, présentent ainsi un vieillissement rapide avec une dégénérescence nette. Certaines espèces de reptiles comme les tortues semblent à l’inverse vieillir beaucoup plus lentement, voire pas du tout. Comment expliquer ces différences ? Un article publié récemment propose une hypothèse : celle du « goulot d’étranglement de la longévité ».

Selon cette hypothèse, l’évolution des mammifères à l’époque des dinosaures aurait façonné leurs phénotypes de vieillissement actuels. Les premiers mammifères, petits et exposés à une prédation intense, auraient plus précisément évolué pour vivre rapidement, se reproduire vite et avoir une durée de vie limitée afin d’éviter d’être capturés par des prédateurs, y compris les dinosaures.

dinosaure mammifère éruption volcanique
Illustration de ce à quoi aurait pu ressembler la bataille entre le mammifère Repenomamus robustus et le dinosaure Psittacosaurus. Crédits : Michael Skrepnick

Perte d’un mécanisme de réparation de l’ADN

Dans le détail, l’article mentionne une perte moléculaire spécifique : le système de protection de l’ADN par photolyase. Notez que la photolyse est une enzyme qui donne aux organismes la capacité accrue de réparer les dommages causés à l’ADN par l’exposition aux rayons ultraviolets du Soleil.

L’article suggère que cette capacité de réparation spécifique, présente chez certains reptiles et amphibiens, aurait été perdue chez les mammifères euthériens (les mammifères placentaires, y compris les humains) à l’époque des dinosaures. Sa perte pourrait ainsi être liée à certains aspects du processus de vieillissement observés chez les mammifères, tels que la sénescence reproductive (la perte de la capacité de reproduction avec l’âge) et d’autres signes de vieillissement rapide.

En d’autres termes, l’hypothèse avance que la perte de ce mécanisme présent chez les ancêtres des mammifères pourrait être liée à la façon dont ces derniers vieillissent aujourd’hui. Cela s’inscrit dans le contexte plus large de l' »hypothèse du goulot d’étranglement de la longévité », qui propose que l’évolution des mammifères à l’époque des dinosaures a laissé des traces dans leurs mécanismes de vieillissement actuels.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue en libre Bioessays.