Quelles sont les formes de vie qui grignotent le Titanic ?

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Crédits : OCEANGATE MÉDIA OCEANGATE

Une nouvelle série d’expéditions visera à séquencer l’ADN de milliers d’organismes évoluant dans et autour de l’épave du Titanic. Cette étude nous donnera une vision entièrement nouvelle de cet habitat unique en son genre tout en ajoutant considérablement aux ensembles de données partagées sur l’ADN des eaux profondes.

Un navire digéré par l’océan

Le RMS Titanic gît à plus de 3 800 mètres de profondeur au large des côtes de Terre-Neuve, au Canada, En 2019, il recevait sa première visite en quasiment quinze ans. Une équipe du Triton Submarines avait à l’époque effectué cinq plongées en quelques dernières semaines dans le but de filmer les restes de l’épave en 4K dans le cadre d’un nouveau documentaire. Sur les images se révélait alors un paquebot de plus en plus grignoté par l’océan. Son état de décomposition était tel que le navire pourrait tout bonnement être complètement « digéré » avant 2030 selon certains experts.

Des microbes rongent en effet le fer de l’épave elle-même, créant ainsi des rusticles, autrement dit une forme de métal beaucoup plus fragile à l’apparence de stalactites. Au fil du temps, la matière se dissout en morceaux de plus en plus petits et finit par être emportée par les courants océaniques.

« La zone de détérioration la plus choquante était le côté tribord où se trouvaient les quartiers des officiers« , expliquait à l’époque l’historien du Titanic Parks Stephenson dans un communiqué. « La baignoire du capitaine (une image connue) a maintenant disparu. Tout le trou du pont de ce côté est en train de s’effondrer en emportant avec lui les cabines. Et la détérioration continuera de progresser« .

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La salle où se trouvait la baignoire du Capitaine Smith. Crédits : OceanGate
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L’ancre de la section avant du Titanic. Crédits ; OceanGate
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La partie avant de l’épave. Crédits : OceanGate

Appréhender cet écosystème unique

Dans le cadre d’une nouvelle étude, une équipe de la société d’exploration océanique OceanGate Expeditions et de l’organisation de génomique environnementale eDNAtec recueillera bientôt des échantillons d’eau autour de l’épave. Les chercheurs utiliseront ensuite une approche avancée de séquençage de l’ADN dans le but d’appréhender cet écosystème avant que le navire ne disparaisse pour de bon. Cinq visites sont prévues sur le site en huit jours dans le cadre de l’expédition Titanic Survey 2022.

Dans un communiqué, Mehrdad Hajibabaei, expert en génomique de la biodiversité et fondateur d’eDNAtec, a déclaré qu’il s’agissait de l’une des études les plus approfondies et les plus ambitieuses qu’ils aient entreprises. « Nous allons générer une vue complète de ces organismes en utilisant des plateformes de séquençage à haute capacité qui génèrent des milliards de séquences génomiques« , a-t-il déclaré. « Ces travaux élargiront notre compréhension de l’extraordinaire spectre d’espèces évoluant dans les eaux profondes« .

Ces différentes visites se feront au moyen du submersible « Titan », le seul capable de transporter jusqu’à cinq personnes à près de 4 000 mètres de profondeur. Détenu et exploité par OceanGate, le véhicule est disponible pour l’exploration en haute mer dans le monde entier.