Que mangeaient les « cochons Terminator » ?

entélodontes cochons
Crédit : Max Bellomio

Il y a environ 20 à 40 millions d’années, les entélodontes parcouraient toute l’Eurasie et l’Amérique du Nord, armés de leurs énormes mâchoires. De quoi se nourrissaient ces « cochons Terminator » ? Une étude publiée dans la revue Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology nous permet d’y voir un peu plus clair.

Les Entelodonidae, ou simplement entélodontes, formaient une famille de mammifères il y a entre 35 et 20 millions d’années. Ces animaux, apparentés en apparence aux suidés, étaient en réalité plus proches des hippopotames et des cétacés. Dans la culture populaire anglophone, on les surnomme parfois « Hell Pig » (cochon de l’enfer) ou « Terminator Pig » (cochons Terminator). D’un autre côté, les Anthracothères formaient une famille de Ruminants qui ressemblaient à des hippopotames tout en étant plus agiles et moins rondelets.

Cela étant dit, les anthracothères et les entélodontes avaient des caractéristiques morphologiques particulières, comme une combinaison de différents animaux. De fait, les chercheurs s’interrogent encore sur leurs comportements et notamment sur leurs habitudes alimentaires.

Les entélodontes semblaient par exemple avoir beaucoup en commun avec les porcs omnivores, mais certains les ont également imaginés comme des prédateurs potentiels ou de grands charognards, à l’instar des hyènes modernes.

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Un crâne d’ Archaeotherium mortoni , un entélodonte originaire d’Amérique du Nord. Crédits : H. Zell

Un régime omnivore

Pour en savoir plus, des chercheurs de l’Institut catalan de paléoécologie humaine et d’évolution sociale ont examiné les dents fossilisées de plusieurs spécimens. Tous évoluaient dans le sud de la France il y a environ 30 millions d’années (époque oligocène).

Il est en effet possible de déterminer le régime alimentaire d’un espèce disparue en analysant les motifs creusés dans les dents par les aliments consommés. À titre d’illustration, les os et les graines ont tendance à laisser des trous, tandis que les herbes et le feuillage creusent régulièrement des rayures. Ces micro-usures sont invisibles à l’Å“il nu, mais elles sont bien présentes.

Ainsi, l’équipe a comparé ces modèles de micro-usure avec ceux d’autres mammifères aux régimes alimentaires connus, tels que les sangliers, les ours, les lions, les hippopotames et les chevaux. D’après les analyses, les anthracothères semblaient avoir un régime alimentaire composé à peu près de tout ce qui était à base de plantes. Les micro-usures de leurs dents présentaient en effet des similitudes avec celles des mammifères brouteurs et frugivores.

D’un autre côté, le régime alimentaire des entélodontes semblait similaire à celui des sangliers et autres pécaris modernes. Sur la base de ces résultats, nous pouvons ainsi écarter l’hypothèse du comportement carnivore à proprement parler. Cependant, nous savons que les porcs modernes consomment parfois de la viande s’ils en ont l’occasion. Il est donc possible que les entélodontes en aient consommé aussi.

De manière générale, les résultats de ces travaux suggèrent que les deux animaux vivaient dans un écosystème diversifié avec accès à de nombreux types de nourriture. À leur époque, le monde était en train de passer des conditions tièdes et chaudes de l’Éocène aux conditions beaucoup plus fraîches de l’Oligocène. Un régime flexible aurait ainsi permis à ces animaux de survivre pendant la transition.