Les hippopotames peuvent reconnaĆ®tre Ā«Ā la voixĀ Ā» de leurs amis

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Les hippopotames sont des crĆ©atures bruyantes, leurs appels pouvant ĆŖtre entendus Ć  plus d’un kilomĆØtre de distance Ć  travers les lacs et les riviĆØres. Jusqu’Ć  prĆ©sent, la fonction prĆ©cise de ces cris Ć©tait un mystĆØre. D’aprĆØs une Ć©tude, ils permettent Ć  ces grands mammifĆØres de distinguer leurs amis de leurs ennemis.

Les hippopotames ont un large rĆ©pertoire vocal impliquant ce que les spĆ©cialistes appellent le Ā«Ā wheeze honkĀ Ā», un appel puissant entendu sur de longues distances supposĆ© ĆŖtre important pour la cohĆ©sion sociale et la communication entre les groupes. Jusqu’Ć  prĆ©sent, la fonction rĆ©elle de ces cris demeurait en revanche inconnue.

Partant de l’hypothĆØse que les groupes d’hippopotames sont des entitĆ©s territoriales, une Ć©quipe dirigĆ©e par Nicolas Mathevon, de l’UniversitĆ© de Saint-Etienne, a testĆ© l’idĆ©e selon laquelle ces appels pourraient signaler l’identitĆ© de l’Ć©metteur et ainsi permettre des dĆ©cisions comportementales par les individus rĆ©cepteurs. Ces travaux sont publiĆ©s dans la revue Current Biology.

Les hippo reconnaissent leurs Ā«Ā amisĀ Ā»

Pour cette Ć©tude, les chercheurs ont enregistrĆ© les appels de sept groupes diffĆ©rents d’hippopotames Ć©voluant dans les lacs de la rĆ©serve de Maputo, au Mozambique. La taille des groupes variait de trois Ć  vingt-deux individus. Ces enregistrements en main, l’Ć©quipe a ensuite installĆ© des haut-parleurs prĆØs de l’habitat de chaque groupe, positionnĆ©s Ć  environ 70 Ć  90 mĆØtres des animaux, avant de rĆ©pĆ©ter les sons.

D’aprĆØs les chercheurs, les hippopotames ont rĆ©agi aux enregistrements en produisant leurs propres appels, en s’approchant des haut-parleurs. Toutefois, ces rĆ©ponses variaient en fonction de l’enregistrement. Les hippopotames ont en effet moins rĆ©agi aux appels des individus Ć©voluant au sein de leur groupe. ƀ l’inverse, ils ont rĆ©agi plus fortement et de maniĆØre plus rĆ©pĆ©tĆ©e aux individus des groupes voisins. Ils marquaient Ć©galement davantage leur territoire avec des matiĆØres fĆ©cales. Ainsi, d’aprĆØs ces recherches, les hippopotames utilisent la reconnaissance vocale pour gĆ©rer les relations entre les groupes territoriaux.

Pour Camille Fritsch, de l’UniversitĆ© du KwaZulu-Natal, en Afrique du Sud, il serait intĆ©ressant de voir si ces dynamiques Ć©voluent au fil du temps, Ć  mesure que les groupes d’hippopotames se dĆ©placent et que leurs densitĆ©s diminuent ou se concentrent. Il serait Ć©galement pertinent de rĆ©pĆ©ter l’expĆ©rience avec des hippopotames vivant dans des habitats diffĆ©rents.

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Mieux connaƮtre pour mieux protƩger

Les grands herbivores terrestres sont une source d’inquiĆ©tude majeure. Les rhinocĆ©ros restent en danger critique d’extinction, tandis que les Ć©lĆ©phants subissent toujours plus de pressions, notamment Ć  cause des activitĆ©s humaines. Toutefois, notre connaissance approfondie de leur biologie permet aux dĆ©fenseurs de l’environnement de concevoir des mesures de gestion appropriĆ©es.

L’hippopotame n’est quant Ć  lui pas encore rĆ©pertoriĆ© comme espĆØce en voie de disparition, mais ses populations ont considĆ©rablement diminuĆ© au cours des derniĆØres dĆ©cennies. Or, cet animal amphibie, qui partage sa vie milieu terrestre et aquatique, joue un rĆ“le unique dans l’Ć©cosystĆØme principalement en raison de son impact sur les flux d’Ć©nergie et de matiĆØre entre ces deux milieux.

Le problĆØme est que l’Ć©tude de la biologie comportementale de ces animaux Ć  l’Ć©tat sauvage reste compliquĆ©e. Il est en effet difficile, voire impossible, d’identifier et de marquer des individus. Ainsi, Ć  plus long terme, cette ligne de recherche pourrait aider les dĆ©fenseurs de l’environnement Ć  mieux protĆ©ger les populations d’hippopotames. Il pourrait par exemple ĆŖtre possible d’habituer les hippopotames locaux Ć  la voix des nouveaux avant leur arrivĆ©e, et vice versa.