Pourquoi l’aggravation des vagues de chaleur atteint-elle un paroxysme en Europe ?

canicule Europe record 2019

De nouveaux travaux permettent de comprendre pourquoi l’Europe est un point chaud en termes d’augmentation des vagues de chaleur depuis la seconde moitié du vingtième siècle. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications ce 4 juillet.

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur est un phénomène attendu dans un contexte de réchauffement climatique. Or, sur les dernières décennies, cette tendance est trois à quatre fois plus rapide en Europe que dans le reste des moyennes latitudes. Songeons aux épisodes de juin et juillet 2019 où l’on a respectivement atteint 46 °C à Vérargues dans le sud-est de la France et 42,6 °C à Paris. Comment expliquer cette singularité européenne ?

Augmentation accélérée des vagues de chaleur en Europe : l’influence déterminante du régime à double jet

Des chercheurs ont montré que la réponse réside dans la configuration des vents à grande échelle, et plus précisément dans celle du courant-jet. En effet, outre le réchauffement de fond, l’atmosphère a favorisé les situations météorologiques propices à l’apport de masses d’air caniculaire sur le Vieux Continent. Ce changement de dynamique atmosphérique observé depuis les années 1990 est identifié par les chercheurs comme une augmentation des régimes à double jet, à la fois en fréquence et surtout en durée.

vagues de chaleur
Haut : évolution de la fréquence des vagues de chaleur, en jours par décennie, entre 1979 et 2020 en Europe (rouge) et dans le reste des moyennes latitudes de l’hémisphère nord (bleu). Bas : idem que précédemment, mais pour l’intensité des vagues de chaleur, en °C par décennie. Crédits : Efi Rousi & coll. 2022.

« Nous avons constaté qu’il y a généralement trois états du courant-jet, l’un d’eux étant l’état à double jet, composé de deux branches de jet avec un vent accru, l’une sur le sud et l’autre sur le nord de l’Eurasie », rapporte Kai Kornhuber, coauteur de l’étude. La particularité de cette configuration est qu’elle freine la circulation d’ouest et l’arrivée d’un air océanique plus frais. À la place, la situation se bloque et un dôme de chaleur est libre de se mettre en place sur le continent.

Les scientifiques ont trouvé que cette évolution des régimes de circulation expliquait 30 % de l’augmentation accélérée des vagues de chaleur à l’échelle de l’Europe et près de 100 % en Europe de l’Ouest. À l’heure actuelle, il n’est pas clair si cette tendance est le fruit de la variabilité naturelle du climat ou une manifestation du changement climatique. L’Europe, et en particulier l’Europe de l’Ouest, pourrait très bien perdre ce statut de point chaud dans les décennies à venir.

« Nos nouveaux résultats soulignent l’importance de comprendre les processus dynamiques de l’atmosphère pour anticiper les futurs risques de chaleur extrême et pour identifier les points chauds mondiaux », note le coauteur de l’étude. À ce titre, les travaux du groupe devraient désormais se pencher plus spécifiquement sur les causes de l’augmentation des régimes à double jet.