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Pour trouver une vie extraterrestre, nous devrions considérer les mondes riches en hydrogène

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Crédits : Mark Garlick

La vie extraterrestre pourrait survivre dans une plus grande variété de mondes que ce que l’on pensait auparavant, d’après une étude.

La prochaine génération de télescopes sera en mesure de scruter les atmosphères d’exoplanètes, nous révélant potentiellement, et par des moyens indirects, des preuves de vie extraterrestre. Il serait alors dommage de passer à côté de mondes prometteurs, jugés de prime abord inhospitaliers. C’est ce que Sara Seager espère éviter. Au travers de ses recherches, l’astronome du MIT nous invite à nous projeter au-delà de notre vision centrée sur la Terre et à jeter un filet plus large sur les types d’environnements qui pourraient réellement être habitables.

Survivre dans une autre ambiance

Dans le cadre de récentes expériences, Seager et son équipe ont cherché à savoir si les levures et les bactéries E Coli, des microbes bien connus, pouvaient survivre dans des atmosphères différentes.

Pour ces travaux, publiés dans la revue Nature Astronomy, les chercheurs ont installé les micro-organismes dans de petites bouteilles, les baignant dans une « soupe nutritive ». Puis, ils ont peu à peu remplacé l’air contenu à l’intérieur soit par de l’hydrogène pur, soit par de l’hélium pur, soit par un mélange de 80% d’azote et 20% de dioxyde de carbone. Pendant ce temps, un groupe de contrôle est resté sagement dans son environnement d’origine.

Toutes les quelques heures, les chercheurs prélevaient des microbes avec une aiguille hypodermique pour compter les survivants.

Si le groupe de contrôle a sans surprise davantage prospéré dans l’atmosphère terrestre d’origine, il est tout de même ressorti que la bactérie E. coli (représentative des micro-organismes procaryotes) et la levure (représentative des micro-organismes eucaryotes les plus complexes) s’étaient également reproduites, quoiqu’à un rythme plus faible (2 fois et 2,5 fois plus lentement, respectivement).

E. coli, en particulier, a également réussi à produire de l’ammoniac, du méthanethiol et de l’oxyde nitreux. Et nous savons que ces gaz peuvent être considérés comme des biosignatures potentielles ou des signes de vie possibles sur d’autres planètes.

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Une fois déployé (en 2021), le James Webb Telescope sera en mesure d’analyser les compositions atmosphériques de planètes proches. Crédits : NASA

Considérer les mondes riches en hydrogène

Si ces résultats sont intéressants, ils le sont davantage si l’on considère l’environnement riche en hydrogène. Cet élément étant très léger, une atmosphère qui en serait composée à 100% ou presque serait en effet plus gonflée et s’étendrait bien au-delà de l’atmosphère terrestre dominée par l’azote. Cela signifie que davantage de lumière stellaire serait filtrée, ce qui faciliterait son analyse.

Bien évidemment, il ne suffirait pas de rechercher une atmosphère riche en hydrogène, souligne l’astrobiologiste John Baross, de l’Université de Washington à Seattle. « Une planète aurait également besoin d’avoir l’équivalent du bouillon de nutriments dans la bouteille pour que la vie prospère, peut-être un océan d’eau liquide qui échange des produits chimiques avec une surface rocheuse« .

On ne sait encore si des planètes rocheuses enrobées d’atmosphère d’hydrogène existent. À vrai dire, on n’en a identifié aucune. Toutefois, en théorie, elles devraient pouvoir se former. Ainsi, une fois la prochaine génération de télescopes déployée, il sera utile de considérer ces mondes comme des cibles potentielles, si tant est que nous arrivions à les trouver.

Source

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.