Vidéo : les poulpes n’hésitent pas frapper les poissons à « coups de poing »

pieuvres
Crédits : Fritz Mihelcic

Des chercheurs ont récemment documenté certains poulpes en train d’éloigner à coups de tentacules, et de manière assez violente, des poissons un peu trop « collants » pendant l’heure des repas.

La coopération interspécifique est rare, mais elle existe. Nous savons que les coyotes et les blaireaux, par exemple, unissent parfois leurs forces pour chasser ensemble, tout comme les mérous et les anguilles. Il arrive également que certains poissons s’associent avec des poulpes pour se nourrir, les uns tirant parti des attributs physiques et des compétences de chasse spécialisées des autres.

Dans le cadre de cette relation, les poissons agissent comme des sentinelles, récurant le fond marin à la recherche d’un repas potentiel. Lorsqu’une victime est repérée, le poisson fait un geste vers la proie, alertant le poulpe qui se met en mouvement pour l’attraper. Le « butin » est ensuite partagé entre les deux espèces.

Dégage !

Toutefois, comme dans toute relation, il peut y avoir quelques accrochages. Dans le cadre de nouvelles recherches, des biologistes ont en effet documenté plusieurs « agressions physiques » perpétrées par des poulpes de récif commun (Octopus cyanea). Certains ont en effet été filmés en train de repousser violemment plusieurs poissons avec leurs tentacules. Au total, les chercheurs ont documenté huit de ces événements distincts en mer Rouge entre 2018 et 2019, au large des côtes d’Israël et de l’Égypte. Mais alors, pourquoi tant de haine ?

Plusieurs motivations possibles

« Ces multiples observations impliquant différents poulpes à différents endroits suggèrent que ces frappes servent un objectif concret dans les interactions [interspécifiques]« , écrivent les chercheurs. Dans leur article, publié dans Ecology, ils spéculent que ces « coups de poing » sont lancés pour maintenir le contrôle sur le comportement des poissons, écartant les plus « collants », ou pour des raisons purement égoïstes, pour avoir un accès immédiat aux proies repérées.

À noter également que sur les huit événements, deux n’ont pas pu être liés à un épisode de chasse. Autrement dit, ces coups de poing se sont produits « en l’absence d’avantages immédiats ».

À ces comportements les auteurs suggèrent deux motivations possibles. La première implique un acte purement malveillant, tandis que la seconde implique une forme d’agression à « avantages retardés ». Dans ce cas, un poulpe ferait alors « payer » un poisson pour tenir les autres en respect, dans un effort visant à promouvoir un comportement collaboratif dans les interactions suivantes.

Sur ce dernier point, cela signifierait que les poulpes planifient à l’avance les futures sessions de chasse. Ce ne serait pas si étonnant. Il y a quelques mois, une étude passionnante soulignait en effet que les seiches sont capables de se priver de nourriture le midi si elles savent qu’il y aura un bon repas le soir (des crevettes). Preuve, une fois de plus, de l’intelligence des céphalopodes. Des travaux futurs seront néanmoins nécessaires pour valider et comprendre ces récentes observations.