Plus d’arbres ne mène pas forcément à un climat moins chaud

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Crédits : NASA.

Des observations faites à l’échelle des États-Unis contigus démontrent le rôle ambivalent du couvert forestier sur les températures du pays. Ces données novatrices serviront à mieux orienter les politiques de gestion qui reposent sur les arbres comme moyen d’atténuer le réchauffement climatique. Les résultats ont été publiés dans Science Advances ce 12 février.

Les forêts ont principalement deux effets sur le climat de la planète. Elles absorbent une partie du carbone que nous rejetons dans l’atmosphère et le fixe dans leur biomasse ainsi que dans les sols. Ainsi, elles limitent la vitesse à laquelle les gaz à effet de serre augmentent, et celle du changement climatique qui en résulte. Par ailleurs, les forêts tendent à absorber plus efficacement le rayonnement solaire que d’autres types de surface naturelle. En effet, leur albédo est relativement bas et contribue en moyenne à retenir la chaleur. Aussi, on réalise la présence d’effets très différenciés.

Faire face à la complexité pour mieux agir

Lorsque l’on étudie en détail des projets visant à limiter le réchauffement, les conceptions simples laissent rapidement place à la complexité du monde réel. Il apparaît ainsi que planter des arbres n’augmente pas nécessairement la capture de CO2 et peut même mener à l’inverse. Pour plus de précisions sur ce point, vous pouvez consulter notre article dédié sur le lien suivant.

Une équipe de chercheurs a désormais montré que les arbres peuvent conduire à un réchauffement même lorsqu’ils absorbent le CO2. Un phénomène qui tient à la domination de l’effet d’albédo évoqué plus haut. L’étude basée sur des observations satellitaires à haute résolution et un inventaire forestier national porte sur l’ensemble des États-Unis. Cette approche empirique ne recourt pas à la modélisation numérique contrairement à de nombreux travaux antérieurs.

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Altération des espaces forestiers aux États-Unis entre 1986 et 2000 (en %). Crédits : Christopher A. Williams.

« Nous avons constaté que dans certaines régions du pays comme l’Intermountain West, plus de forêts conduit en fait à une planète plus chaude lorsque nous considérons les impacts climatiques complets des effets liés au carbone et à l’albédo », relate Christopher A. Williams, auteur principal du papier. « Il est important de considérer l’effet d’albédo des forêts parallèlement à leur stockage de carbone bien connu pour refroidir la planète ».

Placer les bons arbres aux bons endroits

Aussi, pour près d’un quart du pays, la déforestation induit un effet refroidissant sur le climat. Il ne s’agit bien sûr pas de promouvoir le défrichage ou de balayer les nombreux effets bénéfiques des forêts sur la biodiversité par exemple. Le point à retenir est seulement qu’une Terre avec plus de surfaces forestières n’est pas nécessairement une Terre moins chaude. Tout dépend en réalité des zones géographiques où les arbres sont plantés et du type d’arbre en question.

« Si nous ne prenons pas en compte à la fois les effets du carbone et de l’albédo, des initiatives de plantation d’arbres à grande échelle, telles que l’Initiative canadienne “2 milliards d’arbres” et la campagne “Plant a Billion Trees” de Nature Conservancy, pourraient finir par placer des arbres dans des endroits contre-productifs pour refroidir le système climatique », souligne l’auteur principal. « Il s’agit de placer les bons arbres au bon endroit et des études comme la nôtre peuvent aider à identifier où le potentiel de refroidissement est le plus grand ».

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