Selon un toxicologue réputé, si le paracétamol était mis sur le marché aujourd’hui, il ne serait pas autorisé à la vente

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Le paracétamol, ce médicament le plus vendu dans les pharmacies de France, ne serait pas si inoffensif qu’il en a l’air. Si l’on connaît désormais ses méfaits sur le foie, le comprimé aurait encore bien des choses à cacher.

David Juurlink, pharmacologue réputé au Canada, a récemment affirmé dans le quotidien canadien The Globe and Mail que si le paracétamol était mis sur le marché aujourd’hui, il ne serait pas autorisé à la vente. Une affirmation qui a de quoi faire trembler la sphère pharmaceutique.

Qu’est-ce que le paracétamol ?

Le paracétamol est un composé chimique largement utilisé comme antalgique et antipyrétique, comptant parmi les médicaments les plus prescrits en France et dans le monde. Très populaire auprès des patients comme des multinationales pharmaceutiques (qui gagneraient plus de 6 milliards de dollars grâce à sa commercialisation), le petit comprimé s’obtient en pharmacie sans ordonnance. Dans certains pays, il est même disponible en grande surface.

Entièrement synthétique, le paracétamol, ou acétaminophène, est une substance de formule chimique C8H9NO2 produit sous forme de gélules, de comprimés ou de sirop. Ces médicaments sont généralement enrichis en excipients (liants, colorants, conservateurs, etc.) pour des besoins de conservation ou de texture.

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Une sévère toxicité pouvant conduire au décès

Au-delà de 5 grammes par jour et en cas d’usage sur le long terme, le paracétamol présenterait une sévère toxicité pour le foie par production d’un métabolite hépatotoxique : la N-acétyl-p-benzoquinone imine. En cas de surdosage, le médicament pourrait alors entraîner la mort par hépatite fulminante.

Aux États-Unis, la FDA recense chaque année près de 100 000 cas d’intoxication au paracétamol, dont environ 500 mortels. Au Canada, le Ministère de la Santé a quant à lui affirmé que le paracétamol était la première cause de lésions du foie, y compris l’insuffisance hépatique aiguë.

Un surdosage involontaire dans la plupart des cas

Toujours d’après le Ministère de la Santé Canadien, les intoxications au paracétamol les plus graves seraient, dans un cas sur cinq, involontaires, les patients ayant respecté la dose maximale inscrite sur la boîte du médicament :

Jusqu’à 20% des individus atteints de lésions du foie provoquées par une consommation de paracétamol auraient pourtant respecté les doses recommandées.

La Suède décide, en 2014, de retirer le paracétamol de la vente libre

Face au nombre croissant d’intoxications au paracétamol (multipliées par deux dans le pays entre 2006 et 2013), la Suède décide, en 2014, de retirer le médicament de la vente libre, puis d’interdire l’achat de plus d’une boîte à la fois aux mineurs.

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Alcool et paracétamol, un cocktail explosif

S’il soigne la fièvre et les maux de tête provoqués par un virus, le Doliprane, tout comme le Dafalgan ou l’Efferalgan, médicaments entièrement constitués de paracétamol, sont couramment utilisés pour soulager les céphalées dûes à une soirée trop arrosée. Pourtant, alcool et paracétamol ne font pas bon ménage, les deux substances présentant des effets nocifs sur le foie.

Selon les études de l’auteur et journaliste scientifique Xavier Bazin, le mélange alcool/paracétamol peut non seulement mettre en danger le foie, mais aussi les reins :

En mélangeant l’alcool et le paracétamol, vous mettez aussi vos reins en danger, et avez plus de 120% de risque d’avoir de graves problèmes rénaux, même si la dose d’alcool est modérée.

Le paracétamol serait aussi dangereux en surdose qu’en utilisation régulière

Selon une étude d’envergure publiée dans le British Journal of Clinical Pharmacology, le surdosage de paracétamol serait aussi dangereux pour la santé que sa prise régulière. Les scientifiques en charge de l’enquête ont en effet pu observer que les patients ayant consommé chaque jour une dose légèrement plus élevée que celle recommandée auraient plus de chances de décéder que les patients hospitalisés pour un (seul) grave surdosage.

Une autre étude, publiée quant à elle dans la revue de référence en matière de rhumatologie The Annals of the Rheumatic Diseases, en a conclu que la prise de paracétamol, même en respectant les doses recommandées, serait susceptible d’augmenter de 23% le risque de mortalité. À commencer par la crise cardiaque chez les individus de sexe féminin si ceux-ci prennent plus de 15 comprimés par semaine (soit moins que le maximum autorisé).

D’ailleurs, vous savez sûrement que le paracétamol est vivement déconseillé, voire parfois interdit aux femmes enceintes pendant toute la durée de leur grossesse. Le comprimé ne serait donc pas si inoffensif qu’il en a l’air…

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