Des moteurs à antimatière pour atteindre d’autres astres en quelques années ?

moteur fusée
Crédits : Official SpaceX Photos / Flickr

Selon certains observateurs, le développement d’un moteur à antimatière représenterait une véritable révolution qui bouleverserait totalement la conquête spatiale en réduisant énormément les temps de trajet. En revanche, si l’humanité détient effectivement cette technologie, il est encore impossible de développer de tels engins.

Atteindre Alpha du Centaure en cinq ans avec un moteur à antimatière

Comme l’explique l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) dans une publication, lorsque l’antimatière entre en contact avec la matière, elle s’annihile. En effet, la masse de la particule et celle de son antiparticule se transforment en énergie pure. Néanmoins, l’antimatière ne peut pas être utilisée comme source d’énergie. Or, si cette notion reste encore en grande partie un mystère, les recherches se poursuivent, notamment dans le domaine de la conquête spatiale.

Il faut dire que si des moteurs à antimatière venaient à être développés dans un futur plus ou moins proche, l’histoire de l’humanité en serait marquée. En matière de conquête spatiale, il s’agirait alors en effet d’une véritable révolution qui placerait par exemple Pluton à quatre semaines de la Terre au lieu d’une décennie aujourd’hui. Quitter le Système solaire ne serait alors qu’une simple formalité. Peut-être qu’un jour, les humains se rendront ainsi vers d’autres étoiles situées à plusieurs années-lumière en seulement quelques années. Citons par exemple le système stellaire Alpha du Centaure situé à 4,3 années-lumière qu’il serait possible d’atteindre en cinq petites années. Cependant, nous sommes encore très loin d’une telle prouesse.

Alpha du Centaure
L’exoplanète Proxima du Centaure b et l’étoile Alpha du Centaure. Crédits : Ianm35 / iStock

Faisable, mais risqué et coûteux

L’idée de la mise au point de moteurs à antimatière n’est pas farfelue en soi. En effet, l’annihilation de l’antimatière et de la matière convertit directement la masse en énergie, si bien d’un gramme de ces antiparticules pourrait dégager autant d’énergie qu’une bombe nucléaire. Plusieurs sociétés travaillent actuellement sur le développement d’un système de propulsion par antimatière, notamment Positron Dynamics à San Francisco (États-Unis).

En 2016, le physicien américain Gerald Jackson affirmait dans un entretien qu’avec des financements suffisants, un prototype de vaisseau équipé de moteurs à antimatière était faisable en une dizaine d’années. En revanche, si la technologie en question est disponible, elle est incroyablement énergivore. Selon l’expert, il faudrait par ailleurs débloquer environ huit millions de dollars pour construire une centrale solaire capable de produire assez d’énergie. De plus, la maintenance et la surveillance d’une telle structure coûteraient près de 670 millions chaque année.

Si l’aspect financier représente sans doute un obstacle difficilement surmontable, ce n’est pas le seul. Effectivement, se pose également la question du risque d’accident grave pouvant se produire lors des tests de ce genre de moteur. En cas d’accident, l’énergie dégagée provoquerait en effet une explosion dévastatrice. Et si le meilleur endroit pour réaliser ces expériences n’était pas la Terre, mais plutôt la Lune ? C’est en tout cas ce que suggère Steven Howe, un autre physicien. Toutefois, la question des conséquences en cas d’accident grave se poserait aussi.