En 2245, la moitié de la masse terrestre pourrait être convertie en bits numériques

bits information
Crédits : geralt/pixabay

La science nous enseigne qu’il existe quatre types de matière : solide, liquide, gazeuse et plasma. Néanmoins, un chercheur souligne l’existence d’une cinquième forme : l’information. Invisible, mais bien présente, celle-ci aurait le potentiel de provoquer une véritable crise mondiale.

Pour alimenter nos énormes fermes informatiques, nous avons besoin de ressources, telles que le charbon, le pétrole, le gaz naturel, le cuivre, le silicium ou encore l’aluminium. Ces atomes physiques permettent alors de produire de l’information numérique, considérée dès lors par certains comme le cinquième état de la matière.

Selon Melvin Vopson, de l’Université de Portsmouth (Royaume-Uni), il est possible qu’un jour nous atteignions un point de saturation complète, à partir duquel les bits numériques produits seront plus nombreux que les atomes sur Terre. Il évoque alors un monde « principalement simulé par ordinateur« . Et selon lui, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques et imprévues pour la planète. Ces travaux, encore théoriques, ont été publiés dans la revue AIP Advances.

Principe d’équivalence masse-énergie-information

Pour comprendre les idées de Vopson, il convient de rappeler le principe d’équivalence masse-énergie-information, une construction théorique proposée il y a quelques mois par ce même chercheur. Ces travaux sont en grande partie inspirés des recherches du physicien Rolf Landauer. Dans les années 1960, il soutenait que l’information avait une nature physique, en raison de contraintes thermodynamiques.

S’appuyant sur les idées de Rolf Landaues, Vopson a émis l’hypothèse qu’une information numérique n’est pas seulement physique. Elle a également une masse finie et quantifiable dès lors qu’elle stocke des informations. Cette augmentation théorique de masse serait incroyablement minime selon le chercheur, mais toujours significative et mesurable.

Pour appuyer son idée, Melvin Vopson a donc publié ce nouvel article. Le document examine alors les possibles conséquences à venir de son principe théorique. Pour illustrer son papier, le chercheur s’est appuyé sur IBM, qui estime que nous créons collectivement 2,5 milliards de gigaoctets d’informations chaque jour sur Terre. Chaque octet étant composé de huit bits, cela équivaut à 2 x 10 ^ 19 bits. Pour une année entière, cela équivaut à 7,3 sextillions de bits.

Bref, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup d’informations. Selon IBM et d’autres sources de recherche sur le Big Data, 90% des données mondiales ont été créées au cours des dix dernières années seulement. Et Vopson soutient que cette production de données ne fera qu’augmenter dans les décennies et les siècles à venir, à mesure que nos vies deviendront de plus en plus numériques.

La question est donc de savoir si nous pourrons ou non soutenir cet afflux.

data
Crédits : Pixabay

Une Terre numérique

« En supposant une croissance annuelle prudente de la création de contenu numérique de 1 pour cent… nous estimons qu’il faudra environ 3 150 ans pour produire le premier kilo cumulé de masse d’informations numériques sur la planète« , explique le chercheur.

Toutefois, Vopson détaille également des projections moins prudentes, avec des taux de croissance plus élevés de 5%, 20% et 50%. Avec une croissance de 50% par an, par exemple, Vopson prédit que le nombre total de bits créés pourrait correspondre au nombre total d’atomes sur Terre dès 2170. Et que d’ici 2245, la moitié de la masse terrestre serait convertie en masse d’information numérique. À titre d’information, avec les technologies existantes, près de 100 000 atomes sont nécessaires pour stocker un bit.

Il estime également que bien avant, en à peine 130 ans, les besoins énergétiques pour soutenir cette seule information équivaudront à la consommation totale d’énergie sur Terre aujourd’hui, qui comprend l’énergie industrielle, des transports et domestique.

« Cette recherche va certainement stimuler et accélérer le développement de méthodes alternatives de stockage d’informations numériques« , explique le Dr Vopson à Newsweek. Le chercheur évoque alors des supports non plus matériels, mais non matériels, tels que les photons.