Que sait-on de ces deux lionceaux des cavernes retrouvés congelés en Sibérie ?

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Crédits : Amour Dalén

Après avoir été « figés » dans le pergélisol sibérien pendant des dizaines de milliers d’années, les corps incroyablement bien conservés de deux lionceaux des cavernes ont subi un nouvel examen.

Il y a quelques années, des chercheurs annonçaient la découverte exceptionnelle de deux lionceaux des cavernes isolés sur les rives de la rivière Semyuelyakh, en Sibérie. Fourrure, pattes, queue, oreilles, peau, tissus mous et même leurs moustaches, tout ou presque était quasiment intact, offrant aux chercheurs une opportunité incroyable de pouvoir examiner ces deux jeunes prédateurs de l’ère glaciaire.

Au cours de ces dernières années, une équipe de l’Académie des sciences de Russie et du Centre de paléogénétique en Suède, dirigée par les chercheurs russes Gennady Boeskorov et Alexey Tikhonov, s’est chargée d’analyser les dépouilles.

Il y a environ un an, une première étude publiée nous révélait alors que ces deux lions des cavernes éteints (Panthera spelaea) étaient bien une espèce distincte des lions modernes (Panthera leo) retrouvés aujourd’hui en Afrique subsaharienne. D’après l’analyse génétique, ces deux parents auraient divergé l’un de l’autre il y a environ 1,9 million d’années.

La même équipe est aujourd’hui de retour avec une nouvelle analyse de l’anatomie des lionceaux surnommés « Sparte » et « Boris ».

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La dépouille de Sparte, retrouvée il y a trois ans en Sibérie. Crédits : Amour Dalén

Deux lionceaux, deux époques

Ces travaux, publiés dans la revue Quaternary, soulignent que le pelage de ces lionceaux était similaire à celui des lionceaux d’Afrique, les premiers se distinguant néanmoins par de longs sous-poils de fourrure épaisse qui les auraient aidés à braver le froid à leur époque.

En outre, les chercheurs pensaient au départ que ces deux spécimens étaient frères et sœurs, et qu’ils étaient morts il y entre 20 000 et 50 000 ans vers l’âge de deux ou trois semaines de leur vie, au vu de leurs dents de lait et de leur taille. En réalité, la datation au radiocarbone révèle que Sparte a 27 962 ans, tandis que Boris a 43 448 ans et ils seraient tous deux morts à l’âge d’un à deux mois.

Enfin, au cours de leurs analyses, les chercheurs n’ont découvert aucune preuve suggérant que des prédateurs ou des charognards ont endommagé les restes. En revanche, ils soulignent des crânes fêlés, des côtes cassées et des corps déformés « en des formes inhabituelles« . Sur ce constat, ils soupçonnent que les deux lionceaux sont morts piégés dans deux coulées de boue distinctes, à des millénaires d’intervalle.

Pour rappel, les lions des cavernes étaient autrefois répandus dans une grande partie de l’Eurasie, et même en Amérique du Nord, au niveau de l’actuel Alaska. Comme de nombreux grands animaux de l’époque du Pléistocène, ces prédateurs au sommet ont glissé vers l’extinction il y a environ 14 000 ans à la fin de la dernière période glaciaire, lors du dernier événement d’extinction majeur.