Les tout premiers fragments de crâne d’un Dénisovien auraient été découverts

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Le chercheur Bence Viola et son équipe, dans la grotte de Denisova, en Sibérie. Crédits : (IAET SB RAS / Sergei Zelensky

Des fragments de crâne d’un Homme de Denisova auraient été identifiés pour la première fois dans une grotte sibérienne, annonce un chercheur. De quoi, on l’espère, nous éclairer davantage sur l’histoire de cet ancien cousin disparu.

Une découverte extraordinaire

Trois molaires et un morceau d’os d’auriculaire : telles étaient les quatre seules preuves fossiles (quatre individus) de l’existence passée des Dénisoviens, une espèce éteinte identifiée par analyse génétique en mars 2010. Le paléo-anthropologue Bence Viola, de l’Université de Toronto (Canada), annonce de son côté avoir découvert les tout premiers fragments de crâne d’un Dénisovien, dans la même grotte que les autres. Il discutera de sa trouvaille lors de la prochaine réunion de l’Association américaine des anthropologues physiques, tenue à Cleveland à la fin du mois.

Si la découverte se confirme, il s’agirait donc ici des preuves de l’existence d’un cinquième individu connu. Le chercheur note qu’il ne s’agit pas d’un crâne complet, mais de deux morceaux de crâne (os pariétal, qui participe à la formation de la voûte crânienne). Ensemble, ces deux fragments mesurent environ 8 cm sur 5 cm. Nous ne savons, pour l’heure, pas grand-chose de plus, si ce n’est qu’il s’agit bien des restes d’un Homme de Denisova. Les fragments n’ont pas encore été datés avec précision. De nouveaux détails pourraient être dévoilés à la fin du mois, dans le cadre d’une publication officielle autour de cette découverte.

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Voici à quoi pouvait ressembler l’Homme de Denisova, sur la base des quelques fossiles retrouvés. Crédits : L’Homme de Denisova/Capture France 2

Ce que nous savons

On rappelle que, si les gènes de Néandertal occupent aujourd’hui entre 1 et 4 % de notre génome, l’ADN des Dénisoviens se cache également dans les génomes modernes : 5 % des génomes des populations d’Océanie, et quelque 0,2 % des génomes des Asiatiques continentaux et des Amérindiens. Il y a donc eu des croisements. Deux épisodes distincts de mélange génétique, plus précisément.

Nous savons également que Néandertaliens et Dénisoviens se sont accouplés, engendrant une descendance. Des fouilles archéologiques avaient déjà révélé que l’Homme de Néandertal coexistait en Eurasie avec celui de Denisova. Les deux espèces ont même fréquenté la même grotte, dans les montagnes de l’Altaï, où furent découverts les quelques restes de Dénisoviens. L’analyse il y a quelques mois d’un minuscule fragment d’os apportait en revanche la preuve d’un accouplement entre Néandertal et Denisova, séparés il y a entre 400 000 et 500 000 ans.

Ce petit os appartenait à une adolescente âgée d’au moins 13 ans lorsqu’elle est décédée – il y a un peu plus de 50 000 ans. Il était ressorti de cette analyse que le père dénisovien de la jeune fille avait au moins un ancêtre néandertalien, probablement aussi loin que 300 à 600 générations avant sa naissance.

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