Les impacts d’El Niño s’annoncent plus violents en climat réchauffé

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Crédits : Public Domain.

Selon les travaux d’une équipe internationale de chercheurs, les évènements El Niño du futur seront responsables de fluctuations climatiques plus virulentes que par le passé. En particulier, les anomalies de températures et de précipitations induites par le phénomène devraient fortement s’accentuer. Des résultats signifiants publiés dans la revue Nature Geoscience ce 15 avril.

El Niño – la partie océanique de l’oscillation naturelle nommée ENSO – est une fluctuation climatique qui survient de façon irrégulière tous les 2 à 7 ans et qui résulte d’un couplage entre l’océan et l’atmosphère dans le Pacifique équatorial. Il consiste en un réchauffement anormal des eaux le long de l’équateur, lequel induit un bouleversement des régimes de pluies dans les tropiques et dont les influences diffusent même vers les moyennes latitudes.

S’extraire de la complexité pour mieux cerner l’évolution d’El Niño

Pour ces raisons, El Niño affecte aussi bien le secteur socio-économique que les domaines liés à l’environnement ou à la santé, depuis l’échelle régionale jusqu’à l’échelle mondiale. Comprendre comment ce phénomène se modifie avec le réchauffement global de la planète est donc un enjeu majeur. Toutefois, la nature de la physique sous-jacente rend le problème particulièrement difficile.

En effet, les mécanismes mettent en jeu des boucles de rétroactions que même les modèles les plus puissants peinent encore à représenter de façon détaillée. Cependant, les efforts de recherche menés ces dernières années ont permis de faire des progrès significatifs. En particulier, il est apparu que la réaction du phénomène était contrôlée par quelques concepts physiques de base tels que la relation de Clausius-Clapeyron. Une propriété qui permet de s’abstraire d’une partie de la complexité. Dans ce contexte, une récente étude rapporte que la perturbation climatique et les impacts accompagnant El Niño seront amenés à augmenter en climat plus chaud.

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Résultats de simulations numériques montrant la réponse en température, vent (haut) et humidité (milieu) lors d’un El Niño présent (gauche) et futur (droite). Le rouge indique une température ou humidité élevée, inversement pour le bleu. Enfin, la figure du bas montre l’amplitude de l’El Niño utilisée pour les simulations (identique pour permettre une comparaison). Crédits : IAP/Kaiming Hu & al. 2021.

Le rôle-clé des influences de chaleur latente

« La pression de vapeur saturante augmente de façon exponentielle avec la température, de sorte que la même anomalie de température de l’air conduira à une anomalie de pression de vapeur saturante plus importante dans un climat plus chaud », détaille Hu Kaiming, auteur principal du papier. « Par conséquent, avec le réchauffement climatique, même si la température de surface de la mer restait inchangée, la réaction humide de la basse troposphère tropicale à l’ENSO va s’amplifier, ce qui entraînera à son tour une réorganisation majeure de la température, de la circulation atmosphérique et des précipitations ».

En résumé, les fluctuations climatiques associées à El Niño se trouveront amplifiées dans un monde plus chaud. On peut par exemple penser à une influence plus forte sur les anomalies de température globales ou à des redistributions plus massives de l’eau (pluie, sécheresse) et de la masse (pression, vent) atmosphériques. Ainsi, les influences de chaleur latente semblent ajouter une contrainte notable sur les évolutions des modes de variabilité tropicaux comme l’ENSO. Une dimension qui les différencient de ceux des latitudes plus élevées – citons parmi d’autres l’oscillation nord-atlantique – où ces influences sont bien plus faibles.

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