Les huiles essentielles ont-elles un intérêt en matière de santé ?

huile essentielle
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Connues depuis l’Antiquité, les huiles essentielles sont utilisées par de nombreuses personnes. De nos jours, les études cliniques tentant de démontrer leur efficacité ne sont pas légion mais certains travaux estiment qu’il existe bien un intérêt thérapeutique.

Plusieurs centaines d’huiles essentielles

En France, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) définissait le terme « huile essentielle » dans des recommandations datant de 2008 (PDF en français / 18 pages). Les huiles essentielles (ou essences végétales) sont des produits odorants, généralement de composition complexe. Ces dernières sont obtenues par distillation à la vapeur d’eau, distillation sèche ou bien au moyen d’un procédé mécanique sans chauffage. La plupart du temps, l’huile essentielle fait l’objet d’une séparation de la phase aqueuse via un procédé physique qui ne change pas sa composition de manière significative.

On dénombre plusieurs centaines d’huiles essentielles différentes que l’on utilise en aromathérapie. En voici une liste non exhaustive : cyprès, poivre noir, cannabidiol, romarin, vétiver, citron vert, curcuma, patchouli ou encore badiane. Citons également l’huile essentielle de ravintsara, un grand arbre originaire de Chine. Celle-ci contient un fort taux d’eucalyptol (1,8-cinéole), un dérivé terpénique que l’on considère traditionnellement comme un antiseptique des voies respiratoires. En règle générale, les huiles essentielles se classent grossièrement dans la catégorie « remède de grand-mère ». Néanmoins, certaines études tendent à prouver leur efficacité concernant différents maux, du simple trouble cutané aux cancers en passant par les maladies nosocomiales. Suivant le type d’huile et les parties du corps visées, les effets biologiques peuvent être différents sur les cellules et les agents infectieux.

Annelise Lobstein (1956-2018) était professeure à la Faculté de l’Université de Strasbourg. En 2014, l’intéressée a publié un rapport relayé par la Société Francaise d’Ethnopharmacologie (SFE), dans laquelle ont été compilées de nombreuses données statistiques relatives à l’utilisation d’huiles essentielles en milieu hospitalier. Des dizaines d’hôpitaux en Allemagne, en Belgique ou encore en Suisse y auraient recours. Annelise Lobstein estimait que ces pratiques étaient encore assez timides en France, où seulement quelques établissements appliquent des protocoles d’aromathérapie. Citons par exemple le CHU de Rennes, l’Hôpital Pasteur de Colmar ou encore, l’Hôpital St Nicolas d’Angers.

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Que disent les études ?

En 2011, des scientifiques de l’Université des sciences de la vie à Prague (République Tchèque) publient des travaux affirmant que plusieurs huiles essentielles ont une action anti-microbienne contre le staphylocoque doré. Un an plus tard, des chercheurs du MIT (Etats-Unis) montrent une meilleure efficacité de certaines huiles par rapport aux antibiotiques que l’on utilise habituellement contre le staphylocoque doré et le bacille pyocyanique (Pseudomonas aeruginosa). 

Citons également des recherches pilotées en 2016 par l’Université Shahid Beheshti (Iran). Celles-ci évoquent une meilleure efficacité en cas de diffusion des huiles sous forme de particules ultra-fines dans la modification de l’intégrité de la membrane cellulaire des bactéries. Davantage d’études existent, dont certaines ont seulement fait l’objet d’une pré-publication. C’est notamment le cas de travaux datant de mars 2020 affirmant que les huiles essentielles d’eucalyptus et de laurier noble permettent d’inhiber la réplication du coronavirus SARS-CoV-2. 

Enfin, au regard des nombreuses huiles essentielles, de la quantité vertigineuse de maladies existantes ainsi que des nombreuses parties de notre organisme qu’il est possible de cibler, il faudrait des milliers d’études pour parvenir à prouver que les huiles essentielles sont d’une manière globale efficaces ou non, ou si des distinctions doivent être faites de manière très claires. Par ailleurs, l’idéal est de solliciter l’avis d’un spécialiste de la santé avant toute utilisation. En 2018, le médecin aromathérapeuthe Jean-Pierre Willem expliquait qu’il ne s’agit pas d’une médecine douce, si bien qu’il n’est pas possible de faire de l’automédication.