Comme les humains, chimpanzés et bonobos marquent le début et la fin de leurs interactions

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Crédits : NauticalVoyager/Pixabay

Les humains sont connus pour marquer le début et la fin de leurs interactions sociales. Jusqu’à présent, nous pensions que notre espèce était la seule à proposer ce type d’échanges de signaux nécessaires pour engager deux sujets dans une même interaction. Selon une récente étude publiée dans iScience, il semblerait que les bonobos, et dans une moindre mesure les chimpanzés, proposent également quelque chose de similaire.

L’engagement conjoint n’est pas exclusif aux humains

Nous avons tendance à suivre des « règles invisibles » dans le cadre de nos échanges sociaux. Vous n’entamez pas une conversation ou une action commune avec une autre personne sans la saluer, et vous ne terminez pas cet échange sans marquer la fin, d’une manière ou d’une autre.

En science comportementale, ces manières s’inscrivent dans ce que les chercheurs appellent « l’engagement conjoint ». Le terme fait ici référence à l’échange de signaux nécessaires pour que des co-participants potentiels parviennent à la conviction mutuelle qu’ils sont engagés dans un plan d’action où chacun a son rôle à jouer. Démarrer et clôturer une conversation en échangeant des salutations en sont des exemples simples.

Jusqu’à présent, nous pensions que nous étions la seule espèce à mener ce type d’échanges. «Nous avons pu lancer des fusées et atterrir sur la Lune parce que nous avons la capacité de partager nos intentions, ce qui nous permet de réaliser des choses tellement plus grandes qu’un seul individu ne peut réaliser seul. Cette capacité a été suggérée comme étant au cœur de nature humaine», explique Raphaela Heesen, chercheuse postdoctorale à l’Université de Durham au Royaume-Uni.

En réalité, nos deux plus proches cousins – les chimpanzés et bonobos – y sont également habitués.

Des échanges plus marqués chez les bonobos

Le Dr Heesen et son équipe ont entamé cette étude après avoir observé deux bonobos utiliser des gestes pour reprendre leur interaction interrompue pendant le toilettage.

Dans le cadre de ces travaux, ils se sont concentrés sur plusieurs groupes de bonobos et chimpanzés dans des zoos, analysant plus de 1 200 interactions. À leur grande surprise, ils ont constaté que les bonobos partageaient des signaux d’entrée et un regard mutuel avant de jouer dans 90 % du temps, tandis que les chimpanzés le faisaient dans 69 % du temps.

Les signaux de sortie étaient encore plus fréquents (92 % des interactions chez les bonobos et 86 % pour les chimpanzés). Les différents types de signalisation comprenaient des gestes tels que se toucher, se tenir la main, se donner des coups de tête ou se regarder.

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Crédits : Flickr/Eric Kilby

Les bonobos font moins d’efforts avec les « proches »

L’équipe a également cherché à savoir si la proximité des relations et la dynamique de pouvoir entre les primates pouvaient influencer ces comportements.

Chez les bonobos, plus les individus étaient socialement proches les uns des autres, plus la durée de leurs phases d’entrée et de sortie était courte. Pour les auteurs, cela reflète la façon dont les humains ont tendance à communiquer les uns avec les autres. «Lorsque vous interagissez avec un bon ami, vous êtes moins susceptible de faire beaucoup d’efforts pour communiquer poliment», souligne en effet Raphaela Heesen.

À l’inverse, la force des liens sociaux ne semblait pas influencer le degré de ces échanges chez les chimpanzés. Cela pourrait être dû aux hiérarchies de pouvoir autoritaires observées chez ces animaux, tandis que les bonobos évoluent dans des sociétés beaucoup plus égalitaires sur le plan social.

Le fait d’isoler ce type de comportements chez nos plus proches cousins pourrait nous amener à une meilleure compréhension de leur origine et de leur évolution. En attendant, si vous croisez un bonobo ou un chimpanzé à l’avenir, pensez à le saluer avant d’interagir !